Conditions de vie et de travail :La plupart des agents de l’Etat dépeignent un tableau sombre (Dossier 1)

Les actions déployées ces dernières années par le gouvernement en faveur des travailleurs ressemblent fort bien à une goutte d’eau dans la mer tant les conditions de vie se dégradent de jour en jour. « Merci pour les efforts que l’Etat a fournis, mais on ne s’en sort pas toujours. Je voudrais qu’il revoie en hausse les salaires. On n’arrive pas à manger à notre faim et inscrire nos enfants à l’école, tout est cher », confie sous anonymat une dame intégrée depuis 2012.

De manière significative, les conditions de vie et de travail des fonctionnaires ne se sont pas améliorées. La cherté de vie et la crise financière ont exacerbé les souffrances de la masse travailleuse. Se nourrir trois fois par jour, avoir un logement décent, s’habiller, bénéficier des soins de santé adéquats en cas de maladie, ces simples besoins primaires, constituent malheureusement un luxe pour bien des fonctionnaires.

Le SMIG rehaussé à 60 mille Francs CFA ne permet pas aux fonctionnaires moyens d’arrondir les fins du mois. Surtout qu’au Tchad, derrière chaque travailleur, se cachent de nombreuses bouches à nourrir, la situation devient invivable. Si d’un côté, les chômeurs cherchent à forcer les portes de la Fonction publique, nombre de fonctionnaires prient pour qu’il leur soit ouvert les portes des organisations internationales ou onusiennes.

Conditions de vie et conditions de travail sont indubitablement liées. Quels rendements peut-on attendre d’un agent qui ne s’alimente pas bien et ne peut se soigner ni se reposer quand il le faut ? Selon le vice-président de l’UST, Younous Mahadjir, la vie des travailleurs est tout simplement une galère. « Cette réalité n’a pas évolué et l’Etat n’y pense même pas. Il n’y a aucune assurance santé, l’hôpital est cher. On est tous malades », martèle-t-il. Il est temps d’évaluer et de niveler cette situation, propose le cadre de la plus grande centrale syndicale du pays.

L’insuffisance des moyens de travail

Les évacuations sanitaires, les prises en charge sanitaire, les congés annuels qui sont des droits, sont obtenus au prix de longues tractations et négociations. D’autres par contre, ont fini par perdre leur vie parceque n’ayant pas obtenu gain de cause ni des moyens suffisants pour les soins.  Beaucoup de services publics ne disposent pas de moyens de travail. Un tour à la Fonction publique et dans certains ministères, pour se rendre compte du dépit et de la situation de certains agents. Les rames de feuilles manquent souvent. Le parc informatique est vétuste tandis que les véhicules de luxe sont garés çà et là dans la cour.  Dans certains cas, c’est un cadre insalubre et mal équipé qui fait office de bureau pour trois à quatre agents sans oublier les visiteurs. Salle  exiguë et surchauffée, dès qu’il y a délestage, comme il n’y a pas de générateur ni de carburant, c’est quartier libre pour les travailleurs. A cette allure, l’Etat perd gros.

« En dehors des moyens qui font défaut, les budgets sont aussi mal gérés, c’est la catastrophe. Que faut-il  faire ? Il faut une rénovation générale ; prendre en charge la sécurité sociale. On ne doit pas payer cher à l’hôpital, parce que les médecins sont formés et payés par l’Etat, les appareils et les médicaments sont payés par l’Etat, les bâtiments aussi, il faut une révolte pacifique et dynamique pour un réel changement», conclut Younous Mahadjir.

Ainsi pour faire face à la pression sociale, beaucoup d’agents s’adonnent sans vergogne à la corruption, aux détournements et autres.

Florent Baïpou

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