Conflits entre humains et faune : Il faut trouver le juste milieu pour y remédier

Depuis quelques mois, la détermination des autorités nationales à préserver et à protéger l’environnement commence à avoir des effets boomerang. En effet, les animaux, tels que les éléphants, les hyènes ou encore les hippopotames qui se sont multipliés, s’en prennent de manière violente aux humains causant d’énormes dégâts matériels et mort d’hommes dans quelques localités du pays. Les humains aussi s’en prennent à eux, les massacrant de façon aveugle pour des raisons alimentaires et pécuniaires.

Dans la province de la Tandjilé d’abord, c’est le phénomène dévastateur des pachydermes qui est à déplorer. Des habitants de certains villages attaqués et tués chez eux, en chemin ou dans les champs, ces derniers dévastés et des greniers détruits, des cases réduites en ruines, le désastre est grand et plonge les victimes dans le désarroi. Ici à N’Djaména ensuite, des hippopotames qui attaquent et tuent les pécheurs et certains riverains de la rive droite du fleuve Chari qui longe les localités du sud-est de la capitale comme Mandjafa notamment. Dans le Guéra, le Batha, le Ouaddaï et le Wadi Fira enfin, ce sont des hyènes et autres chacals qui s’en prennent à la population. Le constat est désolant et mérite que l’on y remédie au plus vite même si des mesures urgentes et à court terme viennent d’être prises par le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développent durable.

Concernant la Tandjilé, le ministre en charge de l’Environnement, Bakhit Hassan Djamouss, a informé sa hiérarchie à savoir le Premier ministre qui l’a instruit de parer au plus pressé, surtout dans le département de Manbagué. Immédiatement, une unité de la Brigade de protection de l’environnement équipée de deux motocyclettes et de 150 répulsifs sonores a été déployée sur le terrain. Il est également question, entre autres, à long terme de créer un parc national dans la zone ou à proximité et de sécuriser des corridors de migration des éléphants. Ce qui est un signe positif de la prise en compte des craintes de la population, malgré l’insuffisance de moyens.

Une sensibilisation sur les textes est indispensable

Mais du côté de la population également, des dégâts incommensurables sont commis sur les éléments de la faune. Tout récemment, de nombreuses girafes ont été abattues par les braconniers dans le Parc national de Zakouma (PNZ) dans le Salamat occasionnant la mort d’une femme agent des eaux et forêts et causant plusieurs blessés parmi les collègues de cette dernière. Là également, le ministre est descendu promptement sur le terrain pour constater les faits, donner des nouvelles instructions pour la protection de la faune, et ramener les bandits capturés à N’Djaména pour jugement. Au Parc national de Séna Ouré dans le Mayo-Kebbi Ouest, la flore et la faune sont systématiquement dégradées et détruites à cause de l’exploitation illégale de l’or. Malgré des interventions des autorités provinciales et même nationales (une visite-sanction y a d’ailleurs été effectuée en 2014 par un ancien ministre des Mines accompagnés des techniciens de l’environnement ; NDLR, l’auteur de cet article y était) mais le phénomène persiste. Quelques fois, un abattage en règle est effectué au sein de la faune sauvage pour des raisons pécuniaires ou pour l’envie de consommer de la viande de brousse simplement.

De tout ce qui précède, il y a lieu de s’interroger sur la connaissance ou la méconnaissance de la loi 023 de 2023 votée par le Conseil national de transition (CNT) qui règlemente et encadre toutes les activités en lien avec la protection de l’environnement en République du Tchad. Cette loi mérite d’être largement vulgarisée suivie d’une sensibilisation à grande échelle auprès du monde rural et des agents de protection de l’environnement dont beaucoup ignorent le contenu de ladite loi par analphabétisme ou par négligence. Cela permettra de faire un travail en amont et éviterait la récurrence de ces conflits. Certains individus rétorqueront sarcastiquement que cette protection de l’environnement qui se fait au détriment des humains l’est dans quels intérêts ? L’exemple du Botswana est peut-être là pour édifier : le gouvernement de ce pays d’Afrique australe a pris la décision drastique d’abattre 20 mille pachydermes pour préserver l’équilibre du biotope lorsque ces derniers ont proliféré à un rythme incontrôlable, malgré les vives protestations de la communauté internationale.

Riamian Doumtoloum Ghislain

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