Dépigmentation de la peau : Un choix esthétique ou un complexe?

La dépigmentation de la peau est un phénomène en vogue parmi de nombreuses femmes âgées. Celles-ci sont souvent en quête d’une apparence plus jeune ou d’une uniformité de teint. Ce processus, qui peut être causé par divers facteurs tels que l’exposition au soleil, le vieillissement ou des conditions médicales, suscite des avis partagés parmi celles qui choisissent de modifier leur couleur d’origine.

Pour certaines femmes âgées, la dépigmentation est perçue comme un moyen de retrouver confiance en soi. C’est le cas de Madjinar Virginie âgée de 52 ans. De teint noir, son visage et ses jambes sont parsemés de tâches rougeâtres. « J’ai toujours eu une peau claire, mais avec l’âge, j’ai commencé à perdre mon teint d’origine. J’ai donc décidé de m’éclaircir pour retrouver un teint uniforme. Cela m’a redonné un coup de jeune et je me sens mieux dans cette peau », se défend, t-elle.

D’autres, comme Mme Témadji Céline, 46 ans, vendeuse de poissons, rencontrée au marché de Habbena voit la dépigmentation comme une façon de s’affirmer. Cette dame n’entend pas se laisser faner par l’âge. « Je veux montrer que l’on peut être belle à tout âge ». La dépigmentation, dit-elle, est un acte de rébellion contre les normes de beauté vieillissante.

Une question de perception

La dépigmentation soulève également des questions sur la perception de la beauté et du vieillissement. Pour certaines femmes, le choix de se décolorer est lié à des normes sociétales qui valorisent la jeunesse. « Je me sens sous pression pour paraître plus jeune, même si je sais que la beauté vient de l’intérieur », confie Némadji Marceline, âgée de 48 ans.

D’autres, en revanche, affirment que la dépigmentation leur permet de se réapproprier leur image. « Je ne le fais pas pour plaire aux autres, mais pour moi-même. C’est un acte d’amour propre », déclare Torta Sylvie, une quadragénaire.

Quelles que soient les raisons et motivations, cette pratique n’est pas sans risques. Elle a fait de nombreuses victimes. Mme Thérèse, par exemple, 55 ans, partage son expérience : « J’ai essayé plusieurs crèmes dépigmentantes, mais certaines m’ont irrité la peau. Je pense qu’il est important de bien se renseigner sur ces produits avant de les utiliser.

Un réel problème de santé publique

Selon la dermatologue-vénérologue de l’hôpital général de référence nationale, Dr Djekoundadé Antoinette, le vieillissement cutané est marqué par un ralentissement progressif du métabolisme de la peau, qui démarre vers 25 à 30 ans chez les femmes et évolue lentement au fil du temps. « On constate une altération de la texture et de la couleur de la peau, avec l’installation de la ride » indique la spécialiste. D’après elle, la dépigmentation artificielle représente un problème réel de santé publique par sa fréquence et ses complications. Les complications les plus fréquentes sont souvent d’ordre cutané, oculaire et systémique. La peau a des fonctions qui nous permettent de nous défendre contre les agressions.  C’est une barrière physique contre les agressions extérieures.  Elle ajoute que la dépigmentation artificielle est fortement déconseillée. Il n’est pas scientifiquement autorisé de changer de peau. « En consultation, nous leur faisons comprendre que les conséquences de la dépigmentation artificielle et les dissuasions de ne pas se décaper la peau. Il faut juste utiliser des laits ou crèmes hydratants pour juste réhydrater la peau et non l’agresser avec des produits dépigmentants qui vont avoir des conséquences néfastes sur la peau et la santé », conseille-t-elle.

Face à ce défi, la solution réside  dans l’éducation et la sensibilisation. Il est essentiel de changer la perception de la beauté et de valoriser l’acceptation de soi à tout âge. Comme le souligne Mme Amina, une militante des droits des femmes : « La beauté n’a pas d’âge, et de la peau, dans sa couleur naturelle, est le reflet de cette beauté intemporelle ».

Florent Baïpou et Allarassem Djimrangar (Stagiaire)

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