A LA UNE

Editorial : À quand la souveraineté économique ?

Si par définition, la souveraineté est une liberté totale sur des actions et des faits propres à un Etat, un pays, un peuple, une nation, on se pose la question sur la souveraineté économique du Tchad. Plus de 60 ans après l’indépendance, la plupart des pays africains dont le Tchad, peinent à émerger sur le plan économique. On va d’ajustement structurel en ajustement structurel. D’aide au développement, de partenariat technique et financier, des mécanismes et stratégies de mise en œuvre se succèdent, appui à la réduction de la pauvreté pour enrayer l’insécurité, valoriser l’éducation de base, les études supérieures et recherches etc. et pourtant, le visage du sous-développement avec ses corollaires de pauvreté, de chômage, de la mauvaise gouvernance, bref de la précarité est toujours présent. Le peuple accuse les gouvernants de mauvaise gestion, les gouvernants accusent le peuple de moins de proactivité. Des interminables guéguerres et guerres fratricides pour rien. Ce sont les caractéristiques des pays de l’Afrique centrale gouvernés par le franc CFA. Au fond, le problème n’est pas celui de la mauvaise gouvernance. Non pas à ce niveau là. Il n’est pas non plus celui d’un peuple inconscient ou encore immature mais plutôt, d’un peuple qui continue de croupir sous la colonisation. La monnaie est un des éléments fondamentaux de la souveraineté économique d’un pays, d’un Etat.

Le Tchad et ces Etats africains dits indépendants doivent jouir de la souveraineté aussi bien politique qu’économique. Or à ce niveau, on ne peut pas encore parler de l’indépendance économique. Aujourd’hui comme depuis toujours, ces pays restent encore attachés à la métropole par la monnaie. Ils doivent faire allégeance au père fondateur de la civilisation, précurseur du fameux CFA qui, à son tour dépend encore de l’Euro, d’une autre monnaie. Cela est la preuve parfaite de la domination française qui perdure sur les 14 pays qui utilisent le CFA.

Une petite lecture nous fait suffisamment dire que « Les pays du nord empêchent les pays du sud de se développer » L’exemple le plus frappant est celui de ces 14 pays d’obédience CFA. Pour la réforme du CFA en 2019, c’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé, d’ailleurs ce qui n’arrête pas d’enfoncer le clou. Jusqu’à présent, les billets sont imprimés en France, les réserves sont au trésor français, l’administrateur est français avec un droit de véto etc. Alors que la monnaie reste un élément fondamental de la souveraineté. Les Etats africains ne peuvent pas se mouvoir sur le plan économique selon les besoins et les aspirations du peuple mais plutôt le bon vouloir des pays du nord. Le CFA est frappée en France au nom de la colonisation, Pour avoir une institution forte, il faut une monnaie forte. Il est un secret de polichinelle que la majorité des grandes puissances trouvent leur force dans leur monnaie. La réalité démontre que les états dits développés, sont ceux qui avaient commencé par leur propre monnaie ou encore, ont leur propre monnaie.

Au lieu de s’entredéchirer, s’autodétruire, Il est temps pour les gouvernants, la société civile toutes tendances confondues du Tchad et d’Afrique de s’asseoir, remettre la question des accords économique et militaire sur la table, regarder les vrais problèmes qui minent le développement, rechercher objectivement des mécanismes pour se soustraire de la dépendance économique des véreux partenaires, ils doivent plutôt faire front, afin de rechercher à emprunter la voie du développement pour l’épanouissement des peuples. Il n’y a pas de raison pour l’Afrique d’être « un scandale géologique » et de continuer à moisir dans la pauvreté.

La Rédaction

 

À propos de ATPE

Vérifier aussi

Editorial : une contestation permanente

Depuis plus d’une décennie, le gouvernement, pour mieux maitriser l’effectif des agents de la Fonction …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *