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Éditorial : Pour un réel bilinguisme

Parler plusieurs langues est un avantage, une richesse. L’adoption et la pratique de la langue arabe au Tchad sont souvent mal comprises par les uns et les autres. Certains assimilent la langue arabe à la religion musulmane, à une langue d’emprunt, étrangère, colonisatrice. D’autres, la considèrent comme une langue maternelle, d’aucuns l’utilisent  à des fins politiques et ou religieuses. Tant de positions, tant d’amalgames autour de la langue arabe au Tchad sans y soustraire, le fait que les Tchadiens parlent déjà la langue arabe considérée typiquement tchadique différente de l’arabe littéraire. Ce débat, vient de loin. Il soulève souvent bien des polémiques invariables.

Déjà à la fin des années 70, la langue arabe et le bilinguisme avaient fait l’objet de moult tractations. Le groupe politico-militaire dirigé en son temps par Hisseine Habré a réussi à faire intégrer dans l’accord de Khartoum entre lui et le gouvernement tchadien de l’époque, la question du bilinguisme dont précisément l’adoption de la langue arabe comme une des langues nationales au Tchad. Un peu plus tard, tout au début des années 1990, dès l’ouverture des travaux de la conférence nationale souveraine, la question de la langue arabe avait fait aussi couler encre et salive. La langue arabe oui ou non au Tchad ? Le débat n’est plus à ce niveau. La constitution a clairement consacré l’arabe, comme une langue nationale faisant ainsi du Tchad, un pays bilingue. A ce niveau, il faut bien relever qu’il s’agit de l’arabe littéraire écrit et parlé. Le bilingue est celui qui parle deux langues. S’il y a bilinguisme au Tchad, les tchadiens sont supposés parler à la fois le français et l’arabe, même s’ils ou elles choisissent de s’exprimer dans l’une de ces deux langues.

Cependant, la notion du bilinguisme semble ne pas être comprise au Tchad encore. Les vrais défis se situent au niveau même du système éducatif, quant à l’usage des deux langues nationales que sont le français et l’arabe. En réalité, l’arabe dans la pluspart des écoles n’est pas enseigné à la base comme il se doit. Sur le plan linguistique, le Tchad est bilingue. Les Tchadiens sont supposés parler à la fois le français et l’arabe. D’où vient le fait que les journalistes et bien d’autres cadres de ce pays, le plus souvent, demandent la traduction, selon que l’interlocuteur parle en français et ou en arabe alors qu’ils sont supposés comprendre les deux langues? Le problème se situe au niveau même du système éducatif tchadien. Dans les écoles, la langue française est enseignée à la base de l’apprentissage de toutes les matières. Cela devait être aussi le cas de la langue arabe. Or, le premier constat se trouve dans le fait que les enseignants arabophones sont en sous-effectif. Dans la plupart des écoles et lycées, les enseignants arabophones sont une denrée rare. Dans le Tchad profond, vous ne trouverez pas un seul enseignant arabophone. Certains arabophones même affectés adulent de vivre dans les grandes villes et non les villages et cantons. Le second constat est le fait que la langue arabe est enseignée en qualité de simple matière et non, d’une langue de base pour faciliter l’apprentissage et amener le jeune élève à faire davantage d’efforts.

Il vaut mieux pour tous que la langue soit un facteur d’unité et non de division comme l’a précisé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Gassim chérif Mahamat, dans son compte rendu du conseil des ministres ce jeudi 12 juin, en rappelant que « le chef de l’état le Chef de l’Etat a insisté de manière formelle sur le respect du bilinguisme et a instruit le premier ministre à prendre ses responsabilités dans l’avenir face à certains dérapages intolérables. Les langues officielles sont un patrimoine qui doit renforcer l’unité des Tchadiens et non devenir une source de clivage insensé »

La Rédaction

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