Football : Vers un autre comité de normalisation ?

Le sport tchadien en général, le football en particulier évolue en dent de scie. Depuis des décennies, les disciplines sportives collectives (handball, basketball, volleyball, football etc.) brillent peu sur la scène internationale, sauf le sport individuel où l’ambassadeur Bétel Casimir en Taekwondo fait retentir l’hymne national tchadien dans le monde. Pourquoi cet enlisement ? Pourquoi depuis plus de deux ans, le Tchad n’arrive pas à élire un nouveau bureau exécutif de la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA) ? Le juriste Hisseine Ngaro Ngakoutou, cadre et acteur sportif pose le diagnostic et propose quelques pistes de solutions pour sortir le sport tchadien de sa léthargie. Hisseine Ngaro Ngakoutou est aussi l’auteur de l’ouvrage « Le sport tchadien : Réflexion sur le sport de masse, populaire, de haut niveau et d’élite ».

Selon le secrétaire général par intérim de la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA), Ahmat Baba Ahmat, l’Assemblée générale élective du bureau exécutif de ladite fédération a lieu ce 1er mars 2025. Deux candidatures étaient en lice, mais l’une a été rejetée, celle de Mouctar Mahamoud. Maintenant seule la candidature de Tahir Hassan Oloy est maintenue pour le poste de président de la fédération. Entre-temps, dans une correspondance adressée le 23 novembre 2024, au Tribunal Administratif du Sport (TAS), la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) dit ne pas se reconnaître dans la nomination de Ahmat Baba Ahmat comme secrétaire général de la fédération tchadienne de football qui, selon la FIFA, est faite en violation des textes en vigueur.

En nombre 2022, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a mis en place un Comité de normalisation (Conor) pour éditer les textes qui devraient régir la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA), puis que les anciens textes ne sont pas en adéquation avec ceux des instances internationales du football. Le Conor n’a pas pu organiser une assemblée générale élective à la fin de son mandat pour des raisons inavouées. Dans la foulée, le ministre de la Jeunesse et des Sports d’alors Abakar Djermah, par un arrêté, a nommé un secrétaire général par intérim à la tête de la FTFA. « Le Conor était venu avec de bonnes idées. Mais dès lors qu’il a associé le politique pour trouver une solution aux problèmes qui minent le football, le désordre a commencé. Comment un ministre peut nommer un secrétaire général d’une fédération ? Et ce même secrétaire général (NDLR) : Ahmat Baba Ahmat), est par ailleurs président de la fédération de lutte au Tchad. Ça n’existe pas ailleurs. Ceci n’est pas en accord avec les textes de la FIFA ni de la CAF. La loi du sport n’autorise pas cela. On appelle ça l’immixtion du droit public dans le droit privé, car le sport est régi par le droit international privé. C’est l’incompétence qui fait que les choses n’avancent pas à la fédération», a expliqué Me Hisseine Ngaro Ngakoutou.

La promotion du sport est un manque

Selon l’ancien président de la Fédération tchadienne d’athlétisme, le football est victime de ses propres acteurs qui ne sont rien que les responsables du football eux-mêmes. Il a souligné que, le sport tchadien n’est pas valorisé par les autorités. « Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, il y a un manque de volonté politique pour développer le sport, car l’État ne met pas assez des moyens pour la cause. Les champions du Tchad à savoir, Caltouma Nadjina , Carine Mbailemdana, Bétel Casimir et autres ont été formés à l’extérieur. Ils ont et continuent à faire la fierté du Tchad. La loi n°26 dans son article 30 dit que l’État peut financer le sport. Or, en droit le mot «peut»  est facultatif. L’État doit accompagner les sportifs et les différentes fédérations, car les subventions des disciplines à elles seules ne peuvent pas développer le sport », a-t-il éclairé.

Mettre les moyens à la disposition des sportifs

L’ancien sportif dit qu’il était d’accord qu’on crée le Fonds National pour le Développement du Sport (FNDS) devenu plus tard l’Office National pour la Promotion de la Jeunesse et des Sports (ONAJES), aujourd’hui dissout, mais la gestion de ce fonds n’a pas aidé le sport.

« Aujourd’hui, le problème de l’équipe nationale de football les Sao, n’est pas un problème de personne ou du sélectionneur, c’est un problème d’encadrement, de formation et des moyens disponibles. A 45 jours d’une compétition, vous réunissez les joueurs pour aller compétir avec les gens qui ont fait des stages et des matchs amicaux avec tous les moyens techniques, financiers et ce qui va avec. Vous vous attendez à quels résultats ? Les sportifs tchadiens sont mal nourris, mal encadrés. Ils reviennent souvent à la maison demander ce que leurs mères ont préparé, est-ce normal pour un sportif ? », s’interroge-t-il.

« Éditer des textes qui sont en harmonie avec ceux des instances internationales sportives »

Pour développer le sport tchadien, Hisseine Ngaro Ngakoutou suggère la promulgation d’une loi spéciale sur le sport, la séparation du ministère de la jeunesse et l’entrepreneuriat de celui des sports et de l’éducation physique. « J’ai l’impression que tous les moyens et l’attention sont portés vers l’entrepreneuriat au détriment du sport, alors que le sport est une activité qui peut rehausser le pays sur le plan économique. Les autorités doivent réhabiliter toutes les infrastructures sportives existantes et créer de nouvelles infrastructures adaptées aux différentes disciplines sportives et éditer des textes qui sont en harmonie avec ceux des instances internationales sportives. Le tout couronné par une volonté politique va faire décoller le sport tchadien », estime-t-il.

Kary  Amadou

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