Suivi des carrières professionnelles : Une exigence pour l’épanouissement des travailleurs (Dossier 2)

Le plan de carrière permet de définir les étapes clés d’un salarié au cours de sa vie professionnelle. Dans un pays en développement comme le Tchad, où les objectifs institutionnels manquent souvent de clarté et où la motivation des agents de l’État est en berne, le suivi du travail des employés devient un sujet aussi délicat que crucial. Il s’agit de trouver un équilibre entre la quête de performance et le respect de la dignité professionnelle.

« Bientôt dix ans que je suis intégrée, mais pour un seul avancement, on me fait trainer jusqu’ à six mois voire un an. Si les Directeurs des Ressources Humaines et les chefs de personnel peuvent accélérer les processus pour nous aider. En termes de formation, mon institution ne m’a pas du tout donné l’occasion de me former, c’est regrettable », se plaint un cadre du ministère de la Communication. Pourtant la loi 17 portant statut général de la Fonction Publique dispose clairement en son article 58 que l’Etat a l’obligation d’assurer  aux fonctionnaires en cours d’activité une formation professionnelle régulière.

Un peu plus loin, un autre salue les grandes innovations qui ont permis de moderniser les procédures de titularisation et d’avancement. Cependant, il déplore le manque de mise à jour des agents à travers les formations et recyclages réguliers. Le monde évolue à un grand rythme, sans la mise à jour, la productivité et l’efficacité sont à oublier. Dans bien des cas, bénéficier des congés annuels, même relève d’un véritable parcours du combattant.

Le vice-président de l’UST, Younous Mahadjir avance que certaines personnes bloquent la carrière des autres simplement parcequ’ils ne trouvent pas leur compte. « Un stagiaire ne doit pas être responsabilisé. Il lui faut d’abord de l’expérience. Les gens peuvent dire que ça évolue mais les dossiers durent toujours des mois avant de passer d’un ministère à un autre. Je propose qu’il faut créer une commission de guichet unique à la Fonction publique pour accélérer l’évolution des dossiers. C’est ainsi qu’on pourra limiter les arnaques », explique le doyen qui renchérit qu’au temps du président Ngarta Tombalbaye , les choses n’étaient pas faites ainsi.  L’accent était mis sur les compétences même s’il n’y avait pas assez de hauts cadres.

Une clé de la productivité

Devant cette situation, selon un enseignant chercheur qui a requis l’anonymat, le suivi des trajectoires professionnelles des agents publics peut représenter un levier important pour renforcer la productivité et garantir une certaine discipline, notamment dans les structures qui souffrent d’un rendement insuffisant. « Mais ce travail ne peut être bénéfique que s’il repose sur des critères transparents, justes et avant tout incitatifs, plutôt que punitifs », souligne le chercheur.

On constate trop souvent, dans les institutions, l’employé n’est convoqué que lorsqu’un problème survient. Les efforts et le travail bien fait, eux, passent sous silence. Une approche saine devrait donc s’appuyer sur un suivi régulier des missions accomplies et une rétroaction constructive. Il ne s’agit pas simplement de contrôler les heures de présence. « Certains peuvent produire efficacement sans être constamment sur place, soutient-il, tandis que d’autres, bien que présents quotidiennement, peinent à accomplir leurs tâches. L’objectif ultime doit être l’amélioration des compétences et de la qualité du travail, et non la répression ou la démoralisation. »

Le spécialiste conseille aux cadres de l’administration publique de motiver les employés à la fois financièrement et moralement, par le biais des primes et  des marques de reconnaissance proportionnelles aux efforts et résultats. Il faut créer un environnement de travail sain fondé sur le respect mutuel et l’estime, tout en décourageant les rumeurs et les conflits internes, offrir des formations continues pour renforcer les compétences et encourager l’épanouissement professionnel. Les responsables sont appelés à impliquer les employés dans les décisions qui concernent leur travail et le développement de l’institution, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance. Il est également nécessaire de prendre en compte les dimensions sociales et psychologiques du personnel, surtout dans un contexte où les ressources sont limitées et les conditions parfois précaires.

Florent Baïpou

À propos de ATPE

Vérifier aussi

Lutte contre les VBG : La Maison Nationale de la Femme lance une campagne dans les 10 arrondissements

Dans le cadre de la campagne de sensibilisation contre les violences basées sur le genre …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *