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Conflits éleveurs/agriculteurs : Restaurer l’autorité traditionnelle et celle de d’Etat

Les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs au Tchad deviennent de plus en plus inquiétants. L’ex-Premier ministre par ailleurs président  de la Fédération pour la paix universelle, Emmanuel Nadingar, pose le  diagnostic.

Les conflits agriculteurs/éleveurs sont récurrents dans l’arrière-pays. Toujours est-il que les conséquences sont fâcheuses.  Selon un rapport de l’ONU publié en juillet  2021, les affrontements intercommunautaires  notamment  ceux entre éleveurs et agriculteurs au Tchad auraient fait plus de 309 morts et 182 blessés, plus de 6500 déplacés, outre la destruction des biens et des moyens de subsistance, ainsi que de très fortes tensions entre les communautés.  Deux ans après ce rapport  accablant, la situation se dégrade de plus en plus. Car, dans le Sud et dans l’Est du pays, l’on ne peut passer un jour sans parler  d’affrontements  opposant  les éleveurs aux agriculteurs.

« Ces conflits  qui se soldent souvent par des pertes en vies humaines peuvent s’expliquer d’abord  par le manque d’application des résolutions de toutes les décisions prises pour la gestion du problème. Ensuite, la situation pluviométrique n’est pas constante, cela a des effets sur l’eau et le pâturage. Ce problème agriculteur /éleveur oppose les deux mamelles économiques de notre pays. Aujourd’hui, il y a un fort déplacement vers la zone soudanienne, il y a aussi une démographie galopante. Du coup, une forte pression s’exerce sur la terre. Vous vous retrouvez avec des communautés qui ont des modes de vie différents », a fait remarquer, Emmanuel Nadingar. Car, parmi eux, l’on trouve ceux qui sont à la recherche du pâturage d’un côté, de l’autre, ceux qui  vont d’un endroit à un autre voulant exploiter et enrichir leur sol, ainsi les conflits naissent  à cause de l’eau et de la terre, déplore l’ex-Premier ministre.

Malgré des interventions et les décisions en amont pour la gestion de ces conflits, la situation perdure.  Les couloirs de transhumance ne sont pas bien suivis par défaut d’autorité qui réglemente ces couloirs. « Ces couloirs de transhumance ne peuvent être définis et suivis si les autorités traditionnelles  ne jouent pas véritablement leur rôle de cadrer, de veiller à la paix et à la délimitation  des portions de terre et aussi aux affectations de ces portions. Beaucoup de chefs traditionnels n’ont plus de pouvoir afin de bien gérer cette question ». Le gouvernement et les partenaires techniques ont initié  plusieurs actions pour une gestion efficiente de ces conflits avec l’appui des associations de la société civile mais la difficulté, c’est qu’il y a aussi l’instabilité des administrateurs. Certains gouverneurs posent des actes encourageants, d’autres aggravent la situation, clame-t-il.

« Les armes de guerre ne doivent pas être entre les mains des civils, d’après la loi. Malheureusement, il y a des brebis galeuses. Certaines autorités civiles et militaires disposant des biens, donnent des armes à ceux qui gardent leurs biens et cela crée des conflits avec des conséquences douloureuses », avait regretté Daoud Yaya Brahim ancien ministre de la Défense. Dans le même temps, il  souligne que l’on ne peut  pas vouloir avoir des biens au détriment des autres et que toutes ces dérives doivent être corrigées. « Nous avons failli, il faut redresser la barre. Je pense que la nouvelle constitution prend en compte toutes ces erreurs commises pour la refondation du pays. Il nous faut de fortes institutions qui nous amèneront vers des leaders audacieux qui respectent la loi et l’autorité de l’Etat. Car, nul n’est au-dessus de la loi. Nous voulons de bons rapports entre nous pour faire régner la paix dans notre pays. Si certains abusent, c’est qu’il y a des personnes qui ne font pas véritablement leur travail », relève-t-il.

Comme solutions, l’ex-Premier ministre propose, entre autres, la restauration de l’autorité de l’Etat, l’implication de toutes les sensibilités dans la gestion des conflits intercommunautaires, les chefferies traditionnelles doivent jouer pleinement leur rôle. Il faut également la création des espaces de dialogue, d’accords et d’entente pour une paix durable. Les religieux, les hommes politiques et associations doivent aussi jouer leur partition dans la sensibilisation et la médiation. Sans oublier la justice et l’équité, gages de stabilité et de développement, exhorte Emmanuel Nadingar.

Badoum  Oumandé Henri et Kary  Amadou (stagiaire)

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