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Réconciliation nationale : Sincérité et consensus en question

A l’occasion du lancement des travaux du Dialogue national inclusif le 20 août dernier, le Général Mahamat Idriss Deby et Moussa Faki Mahamat ont prononcé des discours émouvants. Cependant, ces allocutions font couler beaucoup d’encres et de salives. Décryptage avec le juriste et constitutionnaliste, Pr Ahmat Mahamat Hassan, par ailleurs ancien ministre de la justice et membre du parlement de la transition après la Conférence nationale souveraine de 1993.

Le président du Conseil militaire de transition, le Général Mahamat Idriss Deby et le président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki Mahamat se sont prononcés sans filtre sur des sujets piétinés depuis belle lurette. Néanmoins, leurs discours ont fait un tollé sur la toile et continuent à alimenter les débats. Pour le juriste Pr Ahmat Mahamat Hassan, dans le discours du Général d’armée  Mahamat Idriss Deby, le pardon est un élément important. «  Ce qui m’a marqué comme élément principal c’est la demande du pardon. On ne peut pas savoir ce qui est dans le cœur de l’homme pour savoir s’il y a de la sincérité ou c’est simplement un discours politique », martèle-t-il.

Toutefois, le prof Mahamat Hassan relève quelques manquements dans le discours du PCMT. « La transition a pour objectif de conduire à bon port les élections générales, libres et transparentes en contrepartie avec une nouvelle constitution. Ça serait  une grandeur, si le Général d’armée Mahamat Idriss Deby Itno, avait complété son discours en disant par exemple : nous membres du Conseil militaire de transition, nous assurons la transition, nous mettons en œuvre toutes les conditions nécessaires possibles,  mais ni moi-même ni les autres membres de la transition ne candidatons pas pour les prochaines élections. ça serait une grande première pour un départ démocratique et il serait inscrit dans l’histoire du Tchad au côté du peuple tchadien toujours en balbutiement depuis l’indépendance», propose-t-il. Le juriste dit que le PCMT a toujours esquivé la question de sa candidature aux prochaines élections. « Même dernièrement lors de la visite du Président nigérien Mohamed Bazoum, cette question lui a été posée mais il n’a pas répondu. Comme il se réserve à tout moment peut-être il a ses raisons », fait-il savoir.

« Il n’est pas encore tard que les dissidents reviennent aux meilleurs sentiments »

Pour ce qui est du discours de Moussa Faki Mahamat, Pr  Mahamat Hassan parle d’exercice qu’il a trouvé difficile pour le président de la Commission de l’UA. « Il était  difficile pour lui de faire entendre la voix de l’UA et en même temps exprimer ses vœux  en tant que citoyen tchadien. Ce jeu d’équilibre a engagé le débat. Il a dit « Si vous voulez continuer têtes baissées… » Le « vous » qu’il a employé pose problème. C’est comme s’il responsabilisait les Tchadiens et s’excluait de la gestion passée du pays », indique-t-il. « Que ce soit les autorités en charge de la transition, que ce soit les groupes armés ou la société civile ou encore les partis politiques de l’opposition démocratique, que le monde fasse un petit sacrifice pour ne pas rater ce grand rendez-vous. Il n’est pas encore tard que les dissidents reviennent aux meilleurs sentiments. Le gouvernement doit aussi tenir compte des conditions de différentes couches pour la paix », suggère l’homme de droit.

Cependant, Mahamat Hassan s’inquiète de la position ambiguë des uns et des autres. « S’il y a des agendas cachés d’une part, les uns veulent conserver le pouvoir en usant de la ruse et des déséquilibres techniques, d’autre part les autres pensent que nous sommes dans une situation de flottement et qu’il faille profiter pour déloger ceux qui sont au pouvoir. « Je pense qu’on est mal parti et on risque de se retrouver dans les troubles des années 79 et 80», prédit-il.

« Les gens veulent la transparence et la sincérité. On pourrait reporter le dialogue pour question d’exclusivité. Il faut choisir les personnes par consensus », conseille-t-il. Le constitutionnaliste fait recours  à la jurisprudence de la Conférence nationale souveraine en 1993. « A la CNS,  la question de la souveraineté a été votée par la conférence elle-même tout en reconnaissant le pouvoir de Deby, pas par un décret. Les résolutions ont été prises par consensus. Nous sommes à une situation de méfiance. Si le président lui-même organise le dialogue et en même tant il le décrète, il y a problème. En 1993, la vraie transition a commencé après la CNS. C’est au sortir de la conférence qu’on a élu un Premier ministre de transition avec la mise en place des autres organes. On aurait dû simplement se référer à cette règle », insiste-t-il.

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