ATPE Agence Tchadienne de Presse Ecrite
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La maladie de bec de lièvre est une malformation congénitale du nez ou des lèvres supérieures. Elle apparait très tôt pendant le développement de l’embryon et défigure l’enfant. Cette maladie qui touche des enfants au Tchad, a des solutions cliniques.
Le bec de lièvre est une maladie qui se manifeste par une fente labio- palatine. Cette fente peut être partielle ou complète. La cloison sépare le nez de la bouche. Selon les professionnels de santé, lorsqu’une grossesse se déroule normalement, à son 40ème jour, le visage du bébé fusionne par involution cellulaire programmée : les 5 bourgeons faciaux se rassemblent et vont former, la lèvre et les narines de façon symétrique. Si les bourgeons destinés à former la lèvre supérieure ne se sont pas suffisamment rapprochés, la fusion est incomplète et une fente plus ou moins importante persiste au niveau de cette lèvre. Selon Dr Olivier Ngaringuem, chirurgien pédiatre à l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant de N’Djaména, il n’y a pas des causes proprement dites mais plutôt des facteurs déclencheurs. « il ne faut pas parler des causes mais des facteurs déclencheurs de cette malformation de la fente ou de la face et les facteurs sont nombreux dont on a les facteurs environnementaux, la prise d’alcool, du tabac pendant la grossesse. Il y a aussi la non prise d’acide folique pendant les consultations prénatals et aussi les facteurs génétiques donc si l’un des parents a le bec de lièvres, il y a des risques pour ces parents d’avoir des enfants qui auront le bec de lièvres », relève-t-il. Cette anomalie qui touche plus de garçons que de filles, peut être aussi provoquée par un déficit en vitamine B12, informe le docteur.
Mais, les victimes directes de cette malformation génitale disent être stigmatisées et se sentent frustrées. « Ma maladie est une malformation congénitale, je suis toujours isolé de mes amis car j’ai un handicap, je ne suis estimé que par mes parents et quelques amis. Vivre avec un handicap dans un milieu nomade n’est pas du tout facile », se désole Mahamat Ali, rencontré à l’entrée du bloc opératoire de l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant qui venait juste d’être opéré du bec de lièvre. « Si aujourd’hui je suis guéri et libre, c’est grâce à un ami de la famille. Il m’a informé qu’un service est à l’hôpital de la mère et de l’enfant qui s’en occupe et opéré. J’ai saisi cette opportunité », se réjouit-il. Mahamoud Saleh, une autre victime raconte son calvaire. « Je suis fermé sur moi-même, car mes amis du quartier me portent un regard de mépris », se lamente-t-il.
Dans le cas où le bec de lièvre n’est pas vite dépisté en anténatal, c’est un choc pour les parents de l’enfant atteint. Car, cette maladie est guérissable par voie chirurgicale avec greffes. Dr Olivier Ngaringuem, estime à peu près 1 à 2 cas sur 100 naissances donc si on prend les naissances qui surviennent au Tchad, « l’on a entre 200 à 300 cas de bec de lièvres au Tchad par an. Cela nous interpelles à faire la sensibilisation et la presse est vraiment sollicitée. C’est 1 à 2 cas sur 100 naissances et on a déjà opéré 600 fentes de 2017 à ce jour », dit-il.
Le chirurgien conseille aux femmes enceintes comme mesures préventives d’aller à la consultation prénatale de manière régulière. « Lors de la consultation, il y a plusieurs paquets d’activité qui sont offertes aux femmes grosses, entre autres, la prescription du fer, de l’acide folique et aussi éviter la prise d’alcool ; du tabac pendant la grossesse. Le bec de lièvre fait partie des malformations qu’on peut opérer et prôner la sensibilisation pour que les personnes présentant les fentes ou bec de lièvres ne soient pas stigmatisées ; car il y a une prise en charge gratuite à l’hôpital de la Mère et de l’Enfant et le centre de santé de Koyom (NDLR : dans la province du Mayo-Kebbi/Est).
M’da Nguéoudal Romaric, stagiaire
