Grand marché de Ndjamena/PH ARCHIVES

Deux ans de transition : Le pari du social reste un défi

Le pouvoir d’achat est faible. A quelques jours des deux ans de transition politique au Tchad, nous sommes allés à la rencontre des habitants de N’Djaména qui demandent aux autorités de régler la question sociale avec tact et lucidité.     

Depuis le 20 avril 2021, date à laquelle le pays a basculé dans un régime transitoire, les autorités de transition essaient tant bien que mal d’apaiser le climat social en posant quelques actes tels que le recrutement de 5000 jeunes, le versement des arriérés des pensions des retraités et des primes des fonctionnaires. Toutefois ces actes semblent insuffisants car plusieurs problèmes  hantent encore les esprits des citoyens. La flambée des prix des produits de première nécessité, la question du chômage, la cherté de vie, la grogne des fonctionnaires, contractuels et des retraités, la colère des personnes vivant avec un handicap, sont loin d’être des vieux souvenirs. Face à cette schizophrénie, certains individus se résignent quand il s’agit de se prononcer sur une question d’intérêt commun. Nous avons rencontré Bakaoula Bernard, devant sa maison de fortune sur le site des sinistrés du Lycée de Walia dans le 9ème arrondissement. Ce sinistré après hésitation, a quand même délié sa langue.  « Même si je parle personne ne va prendre en compte. Tous les jours on crie la cherté de vie, le chômage à la radio,  nos autorités entendent seulement mais ils ne font rien de concret. Je prends le cas des inondations où ils nous ont promis des aides  pour construire des abris et renforcer des digues, jusque-là rien alors que la saison des pluies avance à grand pas », s’inquiète-t-il.

D’autres, malgré leur résilience, commencent déjà à perdre espoir et souhaitent aller tenter leur chance sous d’autres cieux. « Ça fait plus de 15 ans que j’ai fini mes études. Je n’ai jamais fait un travail décent, c’est grâce au moto-taxi et au chantier que je parviens à subvenir aux besoins de ma famille. Je vais quitter ce pays bientôt comme les gens ne reconnaissent pas nos compétences. Le recrutement à la Fonction publique se fait par clientélisme », se résigne Jean-Claude Baitoudjé, instituteur de formation.

Améliorer les conditions de vie

Malgré des imbroglios et des frustrations, certains Tchadiens croient toujours au changement mais à condition que la question du social soit une priorité des gouvernants. « Comment pourrais-je être en paix avec un ventre creux ? Les aliments sont tellement chers sur les marchés. Nos dirigeants font de la politique mais il n’y a pas de bonne politique sans l’amélioration des conditions de vie du peuple. Que le président Mahamat  Idriss Déby pense à nous les pauvres », plaide pour sa part la veuve Mbaitadjimel  Myriam, habitante du 7ème arrondissement.

Le pacte triennal  social, un pas marqué 

Même si le pacte social  signé en 2021 entre le gouvernement et les partenaires sociaux n’est pas appliqué à cent pour cent,  le vice-président de l’Union des  Syndicats du Tchad (UST), Younous Mahadjir reconnait les efforts du gouvernement dans ce sens.  « Le pacte social est quelque chose de positif en dépit de son applicabilité qui n’est pas effective. Sur les 26 milliards de francs prévus pour les retraités, seulement 9 milliards sont versés. Le titre de transport appelées treizième mois sont déjà payés. Pour les contractuels de l’Etat en retraite, aucun frais ne leur a été versé depuis plus de dix ans », informe-t-il. Le syndicaliste souligne aussi les cas des salaires des nouvelles recrues à la Fonction publique qui ne sont pas encore entrées en possession de leurs salaires depuis sept à huit mois. Cependant, Younous  Mahadjir invite les autorités de transition à promouvoir la bonne gouvernance, la justice,  l’emploi des jeunes et la subvention des denrées alimentaires au profit d’un système commode au changement.

Kary  Amadou

À propos de ATPE

Vérifier aussi

Société : Le « Mouvement Citoyen Notre Temps » a une nouvelle équipe

Le Mouvement Citoyen notre Temps (MONCIT) a tenu ce jeudi 11 avril 2024 au CEFOD …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *