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Editorial : Une décision inconséquente

Au Tchad, plus de 78% de la population est analphabète. L’Etat veut inverser cette tendance et en même temps, se présente en un vrai obstacle à lui-même. Pour un pays qui a de sérieux défis à relever sur le plan éducatif, et subitement augmente ses frais de scolarité à 3000F pour les primaires en milieu urbain et 1500F en milieu rural, 6000F pour les collèges et lycées urbains et 3000F en milieu rural et 15 000F pour les collèges d’enseignement techniques sans sensibilisation ni communication sérieuse, a un couac dans sa gestion et surtout sa planification. Cette décision aurait pu être prise en amont, au moins une année à l’avance pour permettre aux parents non seulement d’être sensibilisé, d’accepter facilement cette décision et surtout, de se préparer en conséquence pour la prochaine rentrée scolaire, mais non. Il serait réaliste et soulageant de permettre au ministère de l’Education nationale et de la Promotion civique d’entrer effectivement en possession de son budget annuel, afin de répondre aux besoins réels du département. Mais, ce qui n’est pas le cas.

Les fonds alloués à l’éducation ne doivent pas être un fonds de réserve pour le département de la défense. Ils doivent servir à l’éducation pour un résultat probant. Aujourd’hui, le département de l’éducation prend des décisions cosmétiques qui pourraient avoir un impact négatif sur les prochains résultats. Avec cette décision, si l’année prochaine l’on ne procède pas à la manipulation des chiffres, les statistiques relèveront sûrement les taux de déperdition scolaire. Pour une vraie refondation, le système éducatif a besoin plutôt, des réflexions les plus profondes.

A l’heure où nous sommes, les parents d’élèves éprouvent déjà d’énormes difficultés à scolariser leurs enfants, qu’ils soient ruraux ou urbains compte tenu de la précarité dans laquelle ils vivent. Un tour dans les établissements laisse entrevoir des tas de bulletins des années précédentes non récupérés par ces derniers pour n’avoir pas épongé les frais la scolarité des années antérieures. En cette période de l’année, ils subissent aussi les conséquences des aléas climatiques qui affectent directement leur quotidien économique et financier comme tous les autres citoyens.

A titre d’exemple, personne n’est encore sorti de la saison pluvieuse, période critique, appelée communément « Chari tamainé ou le huitième mois » « ou encore, la période de soudure au Tchad ». D’un côté, les récoltes ne sont pas effectives donc, les produits champêtres ne sont pas encore vendus sur les marchés comme il se doit ; et d’un autre côté les parents d’élèves victimes d’inondations de l’année dernière et ses conséquences fâcheuses ont toujours de la peine à se relever sur le plan financier.

Cette décision mérite d’être reconsidérée. Il y a lieu de se demander pourquoi ces autorités ne regarderaient-elles pas plutôt du côté des revenus pétroliers, la part allouée à l’éducation et la rendre effective par exemple ?

La Rédaction

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