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« L’ATPE ne doit pas seulement se limiter à l’édition d’un journal», Secka Nartamadji Assingar Isabelle

Madame Secka Nartamadji Assingar Isabelle, ancienne directrice générale de l’ATPE de 2019 à 2021, par ailleurs Conseillère national de transition, évoque les difficultés auxquelles l’Agence Tchadienne de Presse et d’Edition (ATPE) fait face et rappelle les missions assignées à une agence nationale de presse et d’édition.

« Lorsque j’ai pris les rênes de l’ATPE, je ne savais pas pourquoi on a changé le nom du Journal L’Info. Avant, c’était un  bulletin quotidien qui s’appelait  Info Tchad.  Cette appellation donne des précisions sur le journal, cela signifie que c’est le journal d’une nation. Automatiquement, l’on sait que le nom Info Tchad donne les nouvelles du pays. Quand on parle simplement de L’Info, L’Info d’où ? Du Gabon, d’Algérie ? A mon temps, beaucoup de couvertures médiatiques s’égaraient parce qu’on faisait la confusion avec Tchad Info (NDLR : un journal en ligne). C’est ainsi que Tchad Info a ravi la vedette ».

En termes de contenu du Journal L’Info, je pense qu’il est acceptable. Parce que ses colonnes prennent en compte toutes les rubriques telles que la politique, l’économie, la culture, la société. Aucun secteur n’est lésé. Toutefois, si les journalistes de l’ATPE étaient bien nantis comme des journalistes d’une agence de presse nationale, le contenu allait encore être mieux. Il faut galvaniser les journalistes afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Parlant des difficultés, j’ai rencontré d’énormes difficultés. Je peux même parler de pénibilités.  Je suis venue trouver  l’ATPE qui est passée d’établissement à caractère public c’est-à-dire une entité sous tutelle depuis  2012 qui n’a jamais eu un conseil d’administration. C’est vraiment paradoxal. J’étais arrivée avec une équipe au mois de mai 2019 et j’ai travaillé nuit et jour. Je n’avais pas de repos pour pouvoir préparer en trois mois un conseil d’administration. C’était le tout premier conseil dont je m’en réjouis. Aujourd’hui,  j’ai un sentiment  de satisfaction pour avoir organiser  ce conseil. Malheureusement, le budget qui a été approuvé par le conseil d’administration et visé par le directeur du Contrôle financier n’a pas eu de suite pour des raisons que j’ignore. Sans budget, on ne peut rien faire parce qu’on m’a confié une mission de relance de l’ATPE,  faire de l’ATPE une agence de renom comme toutes les autres agences nationales. J’avais vraiment cru en cela mais les moyens ont fait défaut.

Avant mon arrivée, il y avait une subvention de 400 millions par an pour l’ATPE. Sur quelle base je ne sais pas, quand j’ai pris les choses en main, on a ramené la subvention à 100 millions alors qu’on voulait relancer l’Agence. Les 100 millions, on les a reçu une fois sur les trois ans que j’ai passés à la tête de l’ATPE.  C’était une mer à boire. Le personnel n’avait pas d’indemnités, je n’avais pas un fonds de fonctionnement, j’ai trouvé l’ATPE sans véhicule. J’ai fait tenir trois conseils des administrations avant de partir de l’ATPE même si je n’avais pas d’argent. Si l’ATPE a d’indemnités aujourd’hui, c’est le résultat de mon combat.

Doter l’agence des moyens conséquents

Pour que l’ATPE joue véritablement son rôle de premier pourvoyeur d’information, il faut de la volonté politique réelle et concrète. Il ne faut pas continuer à dire il faut que l’ATPE soit, mais il faut trouver les moyens conséquents. On doit mettre sur pied une stratégie de développement. Si on nous donnait une imprimerie multifonctionnelle, cela ne va pas seulement servir à l’impression et  à l’édition  des produits de l’ATPE mais aussi, d’autres journaux viendront pour imprimer et éditer.

L’ATPE est une agence nationale qui devrait couvrir tout le Tchad. Il faut des bureaux provinciaux pour couvrir les actualités du Tchad profond, a mettre en place des frais de recyclage et formation du personnel. L’ATPE ne doit pas seulement se limiter à l’édition d’un journal, l’édition d’un journal doit être une des activités, entre autres, de l’ATPE.  Puisque c’est une entité sous tutelle, on peut même éditer des livres. Cela va générer de l’argent. Maintenant l’ATPE ne joue que le rôle d’un simple journal alors qu’elle est une agence nationale de presse et d’édition. L’ATPE doit être indépendante financièrement et la subvention de l’Etat servirait à faire d’autres choses. Mon souhait, c’est que l’ATPE redore son blason», conclut Mme Sécka Isabelle.

Propos  recueillis par  Kary  Amadou,  stagiaire

 

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