« Faire éditer tout document officiel par l’ATPE », Hassan Sylla Bakary

A l’occasion du 11ème anniversaire de L’Info, l’ex-ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Hassan Sylla Bakary, s’est prêté aux questions de L’ATPE. Ce dernier a relevé les maux qui minent cette Agence et interpelle les autorités en charge de la communication à porter un regard attentif sur cette institution.

Hassane Sylla Bakary : Un Etat ou un gouvernement ne peut pas communiquer sans un outil de communication qui est le sien. Le meilleur outil de l’information, c’est la version papier et de l’information électronique. A notre prise de fonction, nous avions remarqué que l’Agence tchadienne de presse n’était limitée qu’au sigle ATP et il n’y avait pas un outil de travail. A cet effet, il fallait d’abord revoir tout le texte et redonner vie à cette Agence qui devrait être la première source d’information en matière d’actualité mais également en matière de communication gouvernementale. Nous avons estimé qu’au lieu de se contenter des feuilles dactylographiées ronéotypées juste enregistrées au journal officiel, il fallait que le gouvernement se dote d’un outil d’information capable de couvrir l’ensemble du pays et lu sur tout le territoire national. C’est pourquoi nous avons créé L’info, le titre Info veut dire l’Information. L’Information meurt et la première information ne peut partir que du gouvernement qui est la base de la vraie information, c’est le gouvernement qui se doit de la mettre sur la place publique qu’elle soit bonne ou mauvaise.

A l’époque, nous avions également pensé qu’il ne fallait pas donner la parole seulement au gouvernement mais également à l’opposition. C’est pourquoi aux premiers numéros du journal L’Info, les anciens caciques de l’opposition comme les Kebzabo et Yorongar avaient vu leurs images et n’en revenaient pas. Mieux, nous avions donné au premier directeur, Mbairé Bessingar, paix à son âme, feu vert et quitus qui lui permettait de traiter tous les sujets. A côté de l’Information gouvernementale, il fallait traiter le social, les faits divers et tous les secteurs, ce qui a fait que grâce à vous les pionniers de ce journal, il rayonne aujourd’hui malgré les problèmes qui ont ponctué son existence. Je me réjouis de constater que le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) est entièrement et régulièrement couvert par le journal L’Info. Les vraies informations sortent de L’info qui informe sans déformer pour l’éducation des Tchadiens et dans le souci d’assurer une bonne communication pour le bien du pays. En 11 ans d’existence, L’info est en train d’atteindre les objectifs qui lui ont été fixés.

L’Info a bien démarré à sa création mais quelques années après, tout s’est passé comme si l’Etat l’a abandonnée. Comment appréciez-vous cette tranche difficile de l’existence de l’ATPE et de son journal L’Info ?

A César ce qui est à César ! C’est le Maréchal Idriss Déby Itno qui avait accordé à l’ATPE une place particulière. En acceptant qu’on ajoute le mot Edition à l’ATP pour qu’elle devienne ATPE aujourd’hui, il avait compris l’importance de l’Agence. En migrant de l’ATP à l’ATPE, l’objectif était de faire en sorte que tout document officiel soit édité par cette Agence : les titres fonciers, les titres économiques, les quittances et tout autre officiel. En soi, c’était une source de revenus qui était pérenne. Si l’Agence tchadienne de presse et d’édition n’a pas prospéré à un certain moment, c’est parce que certainement, il n’y avait pas des hommes capables de mettre en place la politique du Maréchal. A notre époque, on avait eu des moyens nécessaires pour le faire. On a d’abord acheté une mini imprimerie qui a fonctionné une fois, ils n’ont pas réussi à la faire fonctionner après  notre départ.

Si aujourd’hui cela marche avec le ministre Abdraman Koulamallah, cela veut dire qu’il a compris l’importance de l’Agence et du journal l’Info et il a su trouver les moyens auprès du PCMT. Ce n’est pas au chef de l’Etat de faire marcher un département. Un département, c’est la personne du ministre d’abord et les agents qui travaillent ensuite. Si le manager qui est là n’a pas su faire preuve d’ingéniosité et de technicité pour faire fonctionner un secteur donné, cela ne revient pas au chef de l’Etat de le faire. Aujourd’hui, le mérite revient au ministre Koulamallah, le PCMT est en train de faire un travail mais c’est à l’issue d’une fiche que le ministre lui a adressée, c’est pourquoi il faut féliciter le ministre Koulamallah qui a compris l’importance de l’édition. L’Edition n’est pas seulement la lettre E qu’on a ajoutée à l’ATP. En ajoutant la composante Edition à l’Agence, il était question que le Tchad soit autonome dans le domaine de l’Edition, sinon comment comprendre que tous les titres soient édités en France alors que notre pays a les moyens et la capacité d’éditer tous les titres à domicile. Je vous assure qu’en termes de capitaux, en termes d’argent injectés dans ce domaine d’Edition à l’extérieur du pays c’est faramineux et hallucinant. Ces capitaux devraient revenir à l’Agence tchadienne de presse et d’édition raison pour laquelle nous avons pensé à l’Edition et cela dérangeait beaucoup de gens parce qu’il y avait des intérêts derrières.

C’est intéressant ce que vous révélez mais est-ce que les dirigeants du pays savent cela ?

Je répète que si l’Agence tchadienne de presse et d’édition n’a pas réussi à décoller, c’est parce qu’elle dérangeait beaucoup de gens et nos dirigeants doivent le savoir. L’aspect Edition va encore plus déranger certaines personnes et certains intérêts et pour cause, les titres fonciers ou tout simplement les valeurs de la République doivent être édités par l’ATPE. Aujourd’hui, les valeurs de la République sont éditées en Europe et ce n’est pas normal. Un pays comme le notre dont les valeurs sont éditées à l’étranger n’a pas à être fier de lui. Tous ces faits à la douane au niveau des documents officiels c’est l’argent qui doit revenir au Tchad. Tous ces documents doivent être faits par des Tchadiens et pour les Tchadiens. Cela dérange certains lorsqu’il est question de confier ce travail à L’ATPE et j’espère qu’on aura cette fois le courage de faire en sorte que l’ATPE retrouve ses lettres de noblesse et retrouve ce qui lui revient de droit.

Quand on va commencer à éditer, il y aura d’abord un regard de l’Etat sur tout ce qui va être édité, il y aura un contrôle systématique sur tout ce qui va être édité comme titre et comme valeurs parce que les moyens financiers seront donnés à l’ATPE pour lui permettre de ne pas être tous les temps biberonné par l’Etat. L’ATPE ne doit pas vivre éternellement des subventions. Une Agence doit avoir les moyens de ses ambitions pour être représentée partout et pas seulement au Tchad. Une Agence doit être représentée partout pour avoir la primeur de l’information et cela nécessite des moyens conséquents. La vraie source de ses moyens, c’est l’Edition.

Je suis convaincu que c’est l’Edition qu’il faut avec une imprimerie ;  l’Edition a besoin des agents formés, des cadres compétents, des commis de l’Etat bien engagés qui comprennent la mission qui est la leur. Au niveau de la rédaction, vous êtes compétents, mais il vous manque cet aspect marketing et cet aspect d’appréhension de la chose publique. Il faudrait renforcer ce côté et s’il y a un vœu que je formule pour l’ATPE et le journal L’Info qui va fêter son 11ème anniversaire, c’est celui de voir nos compatriotes s’intéresser à leur Agence et à leur journal, c’est un grand défi qu’il faut relever avec des compétences avérées et les bonnes personnes.

Interview réalisée par Ladjal  Callixte

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