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Funérailles : Les « d’honneurs» déshonorants

Le phénomène de port d’uniformes appelés communément « d’honneur » pendant les funérailles est d’actualité à N’Djaména. Est-il nécessaire de coudre les vêtements d’honneur au moment de deuil et pourquoi le faire ? Les avis divergent.

Les «vêtements  d’honneur » dans les cérémonies de deuil sont à la mode au centre-ville et certains quartiers périphériques de la capitale. Les proches du défunt ou de la défunte, amis et connaissances se font confectionner des pagnes, imprimer des tee-shirts sur lesquels l’image du défunt accompagnée des écriteaux « Paix à ton âme, ou repose toi en paix». Les groupes se créent avec des habits de couleurs différentes. Les proches parents d’un côté et les amis et connaissances de l’autre. Cette tendance étrangère à la culture tchadienne, est appréciée de manière diverse par les citoyens.

« Le fait de porter les tenues uniformes dans les lieux de deuil n’est pas une mauvaise chose en soi, c’est juste un signe de reconnaissance et une façon de rendre un dernier hommage au disparu », soutient Madjilembaye Rosine. Par contre Djerakaye Olivier qui vient juste de perdre son père trouve cette pratique injurieuse.  « Lors que votre parent est malade et hospitalisé, certains parents ne se préoccupent peu de son état ou pas du tout surtout  au moment où le malade a besoins d’aide morale et financière. Mais quand ils apprennent le décès de ce dernier, ils se démêlent pour la confection des vêtements d’honneur. Cela est très alarmant. Il faut soutenir la personne de son vivant, car après  la mort, ce n’est que de la diversion », déplore-t-il.

Cultiver l’amour du prochain

Abdaddayim Abdoulaye, secrétaire général du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques a pour sa part insiste sur l’amour du prochain. « Toute  personne est appelée à mourir  un jour et c’est  quelque chose  qui a été prescrite prescrit par Allah. Ce que les hommes doivent faire, c’est prier pour le repos éternel de l’âme du défunt. Si  quelqu’un tombe malade avant de mourir, la religion musulmane dit qu’il faut le visiter l’assister moralement ou financièrement pour lui permettre de payer ses frais d’hospitalisation. Mais de nos jours, l’on constate le contraire.  En tant que  leader religieux, je peux dire que la question d’honneur pendant les obsèques n’est pas recommandée par la religion », fustige l’homme de Dieu.

Toutefois, le curé de la paroisse Saint Isidore Bakanja de Walia Goré, Abbé Madou reconnait la tenue d’honneur au moment de deuil  comme un fait biblique mais regrette sa perception faite aujourd’hui dans la société.   « Culturellement dans nos sociétés chacun a sa manière de rendre hommage aux morts.  Moi, en tant que prêtre,  je ne peux pas condamner cela  puisque la tenue d’honneur existe dans la Bible. Par exemple dans le livre de Jonas  chapitre 3 verset 5 quand Dieu a dit à Jonas d’aller à Ninive pour  annoncer la triste nouvelle que Dieu allait frappait le peuple de Ninive à cause de ses mauvais actes.  Ainsi,  tout le monde s’était mis en tenue de deuil pour implorer la grâce divine. Mais de nos jours l’on constate que les gens prennent la tenue d’honneur dans les lieux de deuil au premier degré, au détriment des fondements des cérémonies des  funérailles chez nous », fait-il savoir.

Pour le sociologue Romtomné Louis par ailleurs  pasteur de l’Eglise évangélique des frères de Boutalbagar, chaque culture à sa manière de rendre hommage à ses morts mais le port d’honneur est une habitude importée. « Nous pouvons dire que les tenus d’honneur est une importation socio culturelle. Jadis cela n’existait pas dans les mœurs tchadiennes.  Bien que chacun a sa manière de rendre hommage aux morts mais cela occasionne des dépenses inutiles.  Puisque tout ce que l’on fait après la mort d’un proche n’est que vanité », éclaire-t-il.

Achta Ahmat Ngaralbaye (stagiaire)

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