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 » La culture est un vecteur de développement « , Routouang Mohamed Ndonga Christian, Coordonnateur national « Tokna-Massana »

L’édition de 2023 du festival « Tokna-Massana » ou « Rassemblement des Massa » en français se déroulera du 24 juin au 02 juillet prochain à Yagoua au Cameroun, sous le thème « Porter la tradition, diffuser la culture et promouvoir le développement ». Son Coordonnateur national et vice-président de la Commission de supervision  générale, a accordé une interview à l’Agence tchadienne de presse et d’édition.

L’Info : Quel est l’objectif  visé par le  festival Tokna-Massana ?

Routouang Mohamed Ndonga Christian : L’objectif de ce festival est de promouvoir la culture et les traditions du peuple massa.  C’est  après un constat de perdition des valeurs intrinsèques de l’homme Massa que le festival des arts et de la culture  Tokna-Massana a vu le jour.  A travers cet évènement, plusieurs  activités sont organisées à savoir  les danses et luttes traditionnelles, contes et légendes, compétitions sportives, prestations d’artistes etc.   Nous voulons, avec cette manifestation, conserver et promouvoir les us et coutumes du peuple massa.

 C’était en 2003 que la première édition a  eu lieu.  20 ans après, quel bilan faites vous ?

Comme tout début d’une chose, le festival est né, il a rampé, marché et il commence déjà à courir. C’est d’ailleurs une chose à féliciter puisqu’on voit l’œuvre s’agrandir. En 20  ans, la première difficulté était celle de convaincre les membres de la communauté massa. La deuxième, il fallait trouver des voies et moyens pour pouvoir organiser l’évènement.  Nous en sommes déjà à la 9ème édition, c’est un effort considérable à louer.  Lors de la 8ème, nous avons défini et réorienté nos actions afin de mieux  baliser le terrain du développement socioéconomique des jeunes de notre communauté. Nous faisons de la culture un vecteur de la paix, de la cohésion sociale, du vivre ensemble et aussi vecteur du développement.

Notre  stratégie, c’est que tout membre de la communauté puisse se prévaloir et bénéficier  du projet. Nous voulons également offrir des opportunités aux jeunes voire aux plus âgés pour le bien-être de la société tchadienne en général et la communauté massa en particulier. Au nom du festival des arts et de la culture du peuple massa, plusieurs projets ont été réalisés tels que l’implantation des forages dans des campagnes du côté de Bongor au Tchad tout comme à Yagoua au Cameroun, des terrains viabilisés, des bourses d’études octroyées aux jeunes. De même, des associations, des organismes et des fonds spéciaux sont créés dans le but d’exécuter  les projets  de la mutuelle.  Sans oublier les projets agricoles et la construction de la maison du patrimoine du peuple massa à Bongor qui sont, entre autres, des innovations encourageantes.

Deux  pays autour d’un festival, où réside le lien sacré de cette union ?

Ce sont les colons qui ont tracé la frontière et divisé les Massa du Cameroun de ceux du Tchad. Sinon, c’est le même peuple avec la même lignée. Les colonisateurs ont choisi le  fleuve Logone comme une frontière avec d’un côté le Tchad, de l’autre le Cameroun alors que ce sont des parents. Ce sont les mêmes traditions, la même racine et la même culture que nous partageons. Il n’y a pas une différence entre les Massa du Cameroun et ceux du Tchad.  Le lien sacré, c’est le lien de  parenté. On a des parents qui sont chefs de canton au Cameroun et vice-versa.

Quelle  est  la particularité de la célébration  de cette année ?

La  9ème édition est placée sous le signe du développement et du  professionnalisme. Dans les années précédentes, les choses étaient faites de manière spontanée mais cette année, nous avons voulu bien les structurer. La particularité, c’est que cette année, le festival a son propre site sur lequel  toutes les activités se dérouleront.  Il n’y aura pas de casse-tête pour la location d’un espace. Notons aussi de nouvelles compétitions incluses notamment la course hippique avec des ânes, la course en pirogue et  l’élection de la reine de la vallée du Logone.  Des appuis de la part des partenaires  de l’année courante ont été très importants. L’autre aspect particulier, c’est l’ouverture du festival à d’autres communautés qui aimeraient découvrir la culture massa. Nous avons voulu que cette édition soit inclusive raison pour  laquelle nous avons assez communiqué autour de l’évènement. Parce qu’il y a des communautés  qui veulent connaitre et communier avec le peuple massa.

Un mini Tokna-Massana s’est déroulé du 27 au 28 mai dernier ici à N’Djaména. Quel était le but recherché ?

Le mini festival est une activité statutaire. C’est-à-dire que chaque pays qui organise doit avoir une idée de celui qui accompagne pour mesurer le degré  de l’engouement et la capacité des festivaliers. Cela nous a permis d’évaluer nos forces et faiblesses, de mieux nous préparer avant d’aller  au grand  évènement.  Vous savez,  c’était une réussite totale. C’est d’ailleurs une toute première que le mini festival s’organise avec tant d’engouement et de taux de participation depuis 20 ans. C’était au gabarit du grand festival. Il y avait  entre 20 et 30 milles participants à ce mini  festival. Notre souci primordial, c’est que tous les membres de la communauté s’approprient ce festival ainsi que d’autres dans l’esprit de vulgariser  la culture du peuple massa.

Qu’est-ce qui sous-tend  votre slogan « ce qui nous unit est  plus fort que ce qui nous divise » ? 

Chaque communauté a son slogan. Et c’est sur ce slogan que tout est basé. Le slogan définit la politique et la stratégie d’une organisation. Ce slogan parle de la solidarité, du bien-être des membres de la communauté. Pour avancer, il faut mettre l’intérêt  commun en avant au détriment de l’égocentrisme qui ne se résume qu’à des individualités. Cela ne pourra jamais faire avancer une communauté si on ne pense qu’à soi-même. On peut  être des religieux, politiciens, tradipraticiens, sympathiques ou méchants mais par respect à notre communauté, on doit toujours faire prévaloir l’intérêt  général.

Interview réalisée par  Kary  Amadou (stagiaire)

 

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