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« Le harcèlement sexuel venant des femmes est une nouveauté », Ronel Nantoingué, sociologue

L’on constate ce dernier temps, que les femmes harcèlent les hommes. Pour le sociologue Ronel  Nantoingué ce comportement des femmes est déplorable. Il invite ces dernières à préserver leur dignité tout en prenant en main leur destin.

L’info : Ces derniers temps, on constate que ce sont les femmes et les filles qui harcèlent les hommes en leur faisant des avances amoureuses. Or avant, c’étaient des hommes qui faisaient le premier pas. Qu’est-ce qui peut expliquer ce revirement ?

Ronel Nantoingué : il faut bien noter que nos sociétés  lointaines n’ont pas connu cette étape. Il y a eu une forte mutation sociale qui a permis d’accélérer ce phénomène. Nos sociétés de l’époque étaient fortement structurées et encrées dans le système de régulation normative sociale. Celle-ci était fondée plus sur le respect strict des valeurs sociétales. Pour ce genre de situation, il faut d’abord plusieurs facteurs explicatifs. Dans un premier temps, nous avons comme facteur, un peu limité à trois points : le contact  brutal avec l’Occident dans le cadre de leur mission civilisatrice qu’a connue l’Afrique de façon générale  et d’autres pays de façon spécifique  et le Tchad également de façon spécifique  de l’accélération, de la modernisation imposée à nos sociétés.

En second point, nous avons également  face à tout cela, la population qui s’est retrouvée embraquer de gré ou de force dans la globalisation qui a touché toute la planète. Puisque, le monde même est devenu planétaire entrainant ainsi un certain  nombre de difficultés à un niveau non maitrisable et aux conséquences incalculables surtout pour le développement de nos sociétés communautaires comme au départ, cela a été renforcé également par le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Ceci entraine  systématiquement l’ébranlement de nos cultures, des valeurs culturelles d’où la fragilité de nos mœurs, coutumes et repères traditionnels fortement touchés entrainant le développement  déséquilibré dans nos système, d’organisation sociale avec comme corolaire, tout ce qui est comme modification du système sociale que nous connaissons  aujourd’hui. Nous avons d’abord le système éducatif  moderne, qui est transmis par les enseignants et autres comme système éducatif  traditionnel. Ce système éducatif également, bien que structuré se trouve perturber par l’accélération de la nouvelle technologie de l’information et de la  communication (NTIC) que j’avais dit tantôt, d’où la remise en question permanente d’un système éducatif tchadien à travers des réformes.

Ces pratiquantes du harcèlement sexuelles ne sont-elles pas victimes de la société ?

Il y a une sorte de retour  d’une vie grégaire où les gens se sont concentrés plus sur eux-mêmes.  Cela fruste également les initiatives de développement  communautaire  en tant  que telle.  Par rapport à cet aspect cela entraine également le comportement de ces filles qui sont fragilisées par ces différents facteurs. Et d’autres qui sont obligées de prendre leur destin en main. Maintenant c’est la lutte pour la survie.

Quelles en sont les conséquences ?

Les conséquences sont multiples. D’abord, au niveau social et communautaire, il faut voir que ces  individus sont  exposés aux viols, aux traitements inhumains et dégradants parce que ces femmes et ces filles qui s’adonnent à cela ne sont pas considérées. Elles deviennent des objets des satisfactions charnelles des autres.

Au niveau sanitaire, nous avons également le risque de contraction des maladies telles que les MST/IST/VIH/Sida et autres. Il y a les risques de grossesses non désirées et précoces entrainant ainsi des fistules ou des morts.

Que doivent faire les hommes qui sont victimes de cette pratique ?

Il faut savoir qu’au niveau des hommes qui sont victimes, il n’y a que deux attitudes. La première attitude c’est s’emballer dans ce gain de proie facile qui expose et profite de leur vulnérabilité, et de leur précarité. C’est la première attitude de certains hommes. Il faut avoir un comportement un peu plus responsable et sage qui seraient orienté plutôt vers les conseils et amener ces filles à un changement de comportement. Il faut aussi conseiller ces filles à prendre conscience de leurs potentialités humaines et leur faire comprendre qu’elles peuvent se battre dans la vie autrement tout en prenant en main leur destin.

Quel conseil prodiguerez-vous à ces femmes qui font le premier pas ?

Pour quelqu’un qui a une vision normale de la société surtout, nous les sociologues qui sont encore plus interpellés par ce genre de phénomène que nous vivons au quotidien, il faut d’abord amener ces personnes, c’est-à-dire ces femmes et filles, qui s’adonnent à ces genres de pratique très facile qui les orientent dans la débauche et autres indignités à prendre conscience de leurs potentialités individuelles et humaines. C’est par ignorance aussi d’un certain nombre de possibilités que ces personnes s’adonnent à la facilité. Et surtout, le plus important, c’est de les orienter vers les structures d’appui à l’entrepreneuriat et au développement des petits métiers. Le tout c’est de les amener à comprendre qu’elles sont des actrices et vecteurs du développement socioéconomique au côté des hommes et travailler main dans la main pour l’émergence d’un « Tchad que nous voulons ».

Interview réalisée par Tormadji Nina Prisca, stagiaire 

 

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