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Santé publique : « 80 % de la population africaine a recours à la médecine traditionnelle »

La Journée africaine de la médecine traditionnelle, est célébrée tous les 31 août. Cette année, elle est commémorée sous le thème : « la contribution de la médecine traditionnelle à la santé holistique et au bien-être pour tous ». Le Directeur de la pharmacopée et médecine traditionnelle au ministère de la Santé publique et de la Prévention, Dr Seïd Abakar Béchir, se prononce sur la question.

L’Info : La journée de la médecine traditionnelle est célébrée en pompe. Comment peut-on expliquer cet engouement?

En 2000 à Lusaka (Zambie), lors de la résolution AFR/RC 50/9, l’Oms avec les pays adhérant ont adopté l’intégration de la médecine traditionnelle dans le système de santé. Le Tchad a ratifié la résolution. À partir de cette date, notre pays a ratifié plusieurs accords pour afficher l’engagement du gouvernement tchadien pour intégrer la médecine traditionnelle dans le système de santé. À travers ça, nous avons fait une déclaration en 2018, pour la politique nationale sur la médecine traditionnelle lors d’un conseil des ministres.

Comment le ministère de la Santé publique et de la Prévention et les tradipraticiens s’organisent-ils ?

Nous sommes en étroite collaboration avec les tradipraticiens. Récemment, le projet de loi déterminant les principes fondamentaux d’intégration et d’organisation de la médecine traditionnelle a été adopté en conseil des ministres, avec la reprise des travaux du Conseil national de transition. On espère qu’ils vont faire passer ce projet de loi.

En attendant, l’Oms recommande aux pays qui ont initié l’intégration de la médecine traditionnelle dans leur système de santé de regrouper les tradipraticiens en association pour les protéger, les encadrer, les orienter, les contacter pour une très bonne communication. Pour cela, nous avons quatre grandes associations ou bien quatre grands rassemblements des tradipraticiens, à savoir : la Confédération nationale des tradipraticiens au Tchad, la Fédération nationale des associations des praticiens de la médecine traditionnelle, la Fédération nationale des associations pour la promotion de la médecine traditionnelle au Tchad et l’association pour la promotion de la recherche. Aussi, il y a une autre fondation sous régionale qui est une interlocutrice du ministère de la Santé, pour la valorisation et discussion des questions de la médecine traditionnelle. Pour une bonne collaboration, nous avons instauré une réunion mensuelle.

Peut-on dire que la médecine moderne commence à montrer ses limites ?

On ne peut pas confirmer cela, mais il y a toujours des limites en science. Elle est toujours ouverte et aussi continuelle. Il y a certaines maladies que la médecine traditionnelle ne pourra jamais traiter et vice-versa. Maintenant pour faire passer ces genres de complexe, on ne parle plus de la médecine traditionnelle, mais plutôt de la médecine complémentaire.

Souvent la médecine traditionnelle montre ses limites. Elle se caractérise par le problème de dosage des produits. Aujourd’hui, on nous conseille d’aller vers les naturopathes. Comment faire ?

C’est vrai, le dosage est l’une des faiblesses de la médecine traditionnelle. Il est un problème conjoint entre le patient et le tradipraticien. Parce que le tradipraticien donne une potion et le malade ne peut pas respecter. Alors qu’en médecine moderne le dosage est bien déterminé.

Pour faire face à ce phénomène, au Tchad nous avons créé une unité de recherche pour l’évaluation de toxicité et l’efficacité des produits utilisés par la médecine traditionnelle. Ça fait déjà deux ans, malheureusement que cette unité n’a pas vu le jour.  Nous n’avons pas assez des partenaires à part l’Oms et il nous manque de financement et notre direction n’avait pas une ligne budgétaire dédiée à la valorisation de la médecine traditionnelle. Mais le gouvernement a affiché sa volonté. Je pense que si cette unité voit le jour, on aurait résolu ce genre de problème.

Nous allons faire appel aux techniciens pour créer une sous unité dans chaque province pour aider les tradipraticiens à fixer le dosage et éviter la toxicité.

Il y a un grand défi à relever dans ce domaine, nous sommes encore en phase primitive pour vraiment faire valoriser ce secteur. Il nous faut des appuis techniques. Bientôt, nous allons élaborer un plan stratégique quinquennal pour la mise en œuvre de la politique nationale.

Je rappelle que 80% de la population africaine a recours à la médecine traditionnelle, à cause de sa disponibilité et accessibilité ainsi qu’à cause de son prix.

Ils sont moins chers, le client est servi à sa bourse tandis que la médecine moderne n’accepte pas ça. Chez le tradipraticien, pas de protocole comme chez le médecin. Il y a l’aspect psychologique aussi qui attire les malades vers les tradipraticiens.

Dès que le patient arrive, il est pris en charge. Surtout le monde rural, presque 95% a recours à la médecine traditionnelle à cause de l’inaccessibilité surtout en saison de pluie dans les centres de santé.  Et la population nomade se soigne qu’avec les plantes médicinales. Au Tchad, nos plantes du sahel, nous avons plusieurs zones géographiques, je peux vous confirmer que 99% de la flore végétale au Tchad soigne. On a intérêt à exploiter les plantes à condition qu’on ne détruise pas l’environnement.

Propos recueillis par Badour Oumar Ali

 

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