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Ecole tchadienne : 63 ans de réformes successives aux résultats mitigés

Ces dernières années, le système éducatif tchadien cristallise les débats. Défaillant, moribond, comateux, les adjectifs n’ont pas suffi pour exprimer l’état réel d’un système vieux de plus de 60 ans. Un parallèle est souvent établi avec le passé présenté comme glorieux par les uns, parfait par les autres. La belle époque de l’école tchadienne est associée à l’époque coloniale. Deux enseignants de formation ont livré leurs analyses sans complaisance sur l’éducation tchadienne de l’indépendance à nos jours. Abdel-Kérim Ahmadaye Bakhit, enseignant de formation et actuellement président du Conseil Economique, Social, Culturel et Environnemental (CESCE) et Mme Titimbaye Mariam, Conseillère pédagogique de l’éducation nationale à la retraite et présentement conseillère de la ministre du Genre et de la Solidarité nationale ont répondu aux questions de l’Info.

L’école tchadienne a de beaux jours devant elle pour peu que l’on y mette le cœur et la volonté reconnaissent les personnalités. La discipline, la rigueur et surveillance rythmaient la vie scolaire dans les années 60.  Juste après l’indépendance, l’école tchadienne fonctionnait avec ce qu’elle a hérité de la colonisation. Chaque établissement avait son règlement dont le respect était strict pour les élèves et les enseignants. Il y avait la surveillance. « Chaque matin, tout le monde doit se mettre en rang et c’est en rang qu’on rentrait en classe dans la discipline » reconnaissent nos deux interlocuteurs.

Morale et discipline

Le décalage entre les époques est donc dégagé au niveau de l’organisation et la qualité de l’enseignement. Les deux connaisseurs du système éducatif tchadien vantent le mérite de la morale et de l’instruction civique dispensées dans les établissements. Sur la morale, Mme Titimbaye Mariam affirme que « Il y a la morale qui enseigne les bonnes pratiques (demander pardon, dire bonjour, ne pas prendre la chose d’autrui, etc.) et les bons usages de la vie en société. En classe de CM1, il y a la notion de l’instruction civique et en CM2, l’instruction civique proprement dite pour préparer les élèves à être les responsables de demain ; ce qu’il n’y a pas de nos jours ». En ce qui concerne la qualité proprement dite, le président du CESCE, Abdel-Kérim Ahmadaye Bakhit, avance que « nous utilisions le système syllabique et à partir de CP2, CE1 et CE2, nous lisions et écrivions mieux que ceux qui sont aujourd’hui en 3ème ou terminale.» Une appréciation relative en ce qui concerne le niveau des élèves se dégage tout de même. L’effectif réduit des apprenants comparativement à celui d’aujourd’hui, plus nombreux par salle, favorise la meilleure compréhension.

Baisse de niveau, responsabilité commune

Plusieurs réformes sont engagées pour assurer une école aux jeunes Tchadiens. Des transformations structurelles qui n’ont pas donné des résultats escomptés.  D’année en année, le problème de la baisse de niveau s’accentue. Les responsabilités à ce niveau sont partagées. « La responsabilité nous incombe tous ; l’Etat, l’enseignant, le parent, l’élève, etc. », soutient le président du CESCE.

Le déclin du système éducatif tchadien a commencé avec l’avènement de guerre qu’a connu le pays selon Mme Titimbaye Mariam. « On a failli, dit-elle, parce que à un moment y a eu ce déclin ; la politique. Il y avait eu la guerre et c’était devenu la foutaise. La guerre a tout détruit. Elle a mis le Tchad à terre ». Au tour du président du CESCE, Abdel-Kérim Ahmadaye Bakhit, de s’interroge également sur la pléthore des établissements d’enseignement privés. « Qu’est-ce que nous avons à foutre avec les écoles privées ? Depuis la création des écoles privées dans les centres avancés, les écoles sont devenues comme des pharmacies, des boutiques ». Les promoteurs des écoles privées devraient, à son avis, être des enseignants à la retraite ou des personnes avec une formation enseignante.

Des réformes nécessaires

Dans l’espoir que l’école tchadienne retrouve ses lettres de noblesse, Abdel-Kérim Ahmadaye Bakhit énumère quelques mesures relevant de la responsabilité de l’Etat. Dans l’élan de contrôler les structures d’enseignement privées, il propose de multiplier les écoles publiques, recruter massivement les enseignants. Les enseignants recrutés dans la rigueur doivent être bien formés de sorte qu’ils soient aptes à dispenser les cours mais aussi à évaluer les cours dispensés. Le rôle des inspecteurs pédagogiques doit être revalorisé. C’est de cette manière seulement que le suivi des enseignants à être régulier.

Enfin, le ministère de l’Education nationale est appelé à asseoir un programme éducatif national exécuté par tout. Pour finir le président du CESCE a foi au ministre actuel de l’Education nationale qui peut être l’homme de la situation.

Blaise Mbaïadoumbeye/Doukoundjé Caroline

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