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Editorial : Médiation sans bruits de bottes

Pays voisin et frère du Tchad, le Niger vit une situation politique complexe et inquiétante qui ne laisse pas indifférents les Tchadiens et leurs dirigeants. Deux jours après le coup d’Etat militaire contre le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, le président de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno s’est rendu au Niger pour rencontrer le président déchu et ses tombeurs. Deux semaines plus tard, le Premier ministre du régime militaire a réservé sa première sortie au Tchad où il a été reçu par son homologue tchadien Saleh Kabzabo et le chef de l’Etat, général Mahamat Idriss Déby Itno. Tous ces déplacements et ce ballet diplomatique  traduisent à suffisance les liens et les relations séculaires entre les deux pays et les deux peuples.

Dans cette situation politique qui préoccupe les dirigeants des pays membres de la CEDEAO qui demandent aux putschistes de remettre le pouvoir au président  renversé et n’excluent pas d’intervenir militairement en cas de tergiversation, le Tchad qui n’est pas membre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDAO), a adopté une attitude neutre et conciliante en optant pour le dialogue et la diplomatie.

L’attitude du Chef de l’Etat tchadien surprend les observateurs qui s’attendaient à voir le Tchad adhéré à l’option militaire de  la CEDEAO. Cette attitude sage et pondérée du général Mahamat Idriss Déby Itno bat en brèche la vocation militaire du Tchad et tranche nette avec l’attitude de son père défunt, le Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. Le Tchad en prenant cette décision de ne pas intervenir militairement au Niger n’a pas dérobé aux règles et ne légitime pas le pouvoir des putschistes mais souhaite la négociation à l’amiable entre les putschistes et le pouvoir déchu. Au vu de la pression du peuple  tchadien, les autorités de ce pays ont tout juste voulu respecter la souveraineté d’un Etat indépendant. L’heure n’est plus aux coups d’Etat. Car, l’on note que, les militaires qui ont dirigé l’Afrique depuis l’indépendance jusqu’à nos jours n’ont jamais ramené la paix. Dans la plupart des pays dirigés par les militaires en Afrique, l’insécurité y règne. Mais il est regrettable qu’un président démocratiquement élu soit renversé par un assoiffé de pouvoir depuis belle lurette. Les putschistes doivent faire preuve de compassion envers le président déchu et sa famille.

Les interventions sans hésitation et sans consultations des militaires tchadiens dans certains pays africains ont coûté cher à notre pays même si elles  ont rendu célèbres et redoutables nos forces de défense et de sécurité au point de forcer l’admiration des observateurs. En décidant de ne pas intervenir militairement au Niger, le chef de l’Etat, a pris à contre-pied les observateurs qui s’attendaient à voir les militaires tchadiens débarquer au Niger avant les autres pays. Avec ce qui se passe au Niger, l’option militaire n’est pas la voie royale, car ses conséquences seront imprévisibles dans le bassin du Lac-Tchad et dans le reste du grand Sahel, surtout dans notre pays qui est déjà débordé par les réfugiés soudanais.

La Rédaction

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