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Héritage familial [Dossier 1] : La guerre des biens après la mort

Dans la plupart des familles tchadiennes aujourd’hui, le conflit autour de l’héritage familial s’accentue. Après le décès du père généralement, ce sont de guéguerres entre les veuves, orphelins et autres membres de la famille du défunt au sujet des biens matériels.  Ce problème qui divise et crée des inimitiés au sein des familles, mérite une attention particulière.

Le Petit Larousse définit  l’héritage comme un « ensemble de biens acquis ou transmis par voie de succession. Ce que l’on tient de ses parents, des générations précédentes. Un patrimoine laissé par une personne décédée et transmis par succession». Malgré ces définitions fulgurantes, le droit à l’héritage est souvent source de conflits dans beaucoup de communautés et familles tchadiennes. Parce que d’une part, le testament n’est pas une chose courante et d’autre part à cause des différentes croyances au sein des familles et la prédominance du patriarcat. Ainsi, le décès d’un père, d’un l’époux ou d’un frère engendre des disputes quand il s’agit de la distribution des biens matériels. Les affaires de ce genre sont pendantes à la justice. Les veuves et orphelins se voient parfois dépouillés de tous les biens légués par le défunt ou la défunte. Cette imposture dégrade davantage les conditions de vie des veuves et orphelins.

Modorom Alphonsine, veuve et mère de cinq enfants a vécu cette situation d’injustice. « Mon époux était un administrateur hors échelon sous le règne de Hissein Habré. Il fut assassiné en 1985 par les éléments de la DDS. Ses frères quittant le village, ont tout pris, me laissant avec mes enfants, bredouilles. J’ai souffert pour les élever et les envoyer à l’école. Quand mon mari décédait, l’aîné n’avait que 12 ans.  Ils nous ont arraché tous : terrains, voitures et autres. On avait beaucoup de terrains, mais il ne nous reste que ce seul terrain sur lequel je vis », se lamente-t-elle, rencontrée devant sa concession à Chagoua dans le 7ème  arrondissement de N’Djaména.  Comme Modorom, ils sont nombreux ces veuves et orphelins qui, dans l’ombre,  subissent l’injustice après le décès de leurs pères ou époux mais pour sauver leur peau, ils préfèrent garder le silence.

«  Quand mon père était mort, mon oncle paternel  s’est accaparé de tous les biens. Mes frères et moi, par crainte, avions confié tout à Dieu», se résigne Moudina Gilbert. Cet orphelin de père dit que c’est très injuste et méchant, d’amasser les richesses des  veuves  et orphelins sans inquiétude. Parfois, c’est au prix de leurs vies que certains veuves et orphelins obtiennent gain de cause. Il faut que cette situation soit prise au sérieux au niveau des pouvoirs publics afin de limiter les dégâts.

Kary  Amadou  & Remadji Clarisse

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