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Héritage familial [Dossier 2] : Réactions des leaders religieux et traditionnels

Pasteur Dr Djimalngar Madjibaye, secrétaire général de l’Entente des Eglises et Missions Evangéliques au Tchad (EEMET)

« Le conflit  autour de l’héritage familial, est une  situation courante dans notre société. Mais, en tant qu’homme de Dieu, nous encourageons  toujours  les hommes et les femmes à avoir compassion des veuves et orphelins. Parceque Dieu déclare qu’il est le défenseur des  veuves et le père des orphelins. Après la mort d’un père, nous demandons toujours à ceux qui gèrent l’héritage d’avoir la compassion des veuves et orphelins. Parce que lorsque vous faites du mal à une veuve et à un orphelin, vous faites du mal directement à Dieu. Ce cas d’espèce n’est pas facile à trancher puisque nous vivons dans une société beaucoup plus patriarcale c’est-à-dire après la mort du père, les biens reviennent automatiquement aux hommes. Bien que  dans la Bible, il n’y a pas un passage précis qui parle du partage de l’héritage mais dans Nombres 27 : 1-7, la loi d’Israël ne permettant pas aux femmes d’être héritières, a frustré des filles qui ont demandé aux hommes de Dieu de les aider à avoir l’accès aux biens de leurs parents. Les hommes de Dieu ont répondu favorablement à leur demande. Ainsi, elles avaient droit à l’héritage familial. Cela donne aujourd’hui le droit aux  filles chrétiennes  au Tchad d’être aussi héritières au même titre que les garçons. Maintenant, si le couple n’a pas fait d’enfant et que les partenaires sont mariés légalement et membres d’une Eglise, il n’y a pas de problème que la femme ou le mari hérite les biens de l’autre. Parce que pour la Bible, les deux forment une seule chair. Les cas complexes, c’est lorsque toute la famille n’est pas chrétienne. Sinon, la veuve et l’orphelin sont les yeux de Dieu. Celui qui les dépouille de leurs biens ou ceux de leur époux ou père attire la colère de Dieu sur lui ».

Cheikh Ibrahim Assenoussi, juge de la Loi islamique « Charia » au Conseil Supérieur  des Affaires  islamiques

« Selon l’Islam, le problème d’héritage ne se pose pas car, le coran a tout défini. Par exemple « l’homme a le double de l’héritage par rapport à la femme ». Si quelqu’un empêche une femme d’hériter, c’est de l’injustice. Cet homme blasphème contre Dieu donc, il mérite une punition. L’homme ne doit pas désobéir aux ordres de Dieu. Dans la Sourate AN-NISA « Femmes » 4 : 12, il est dit que  la moitié des biens laissés par les hommes doit revenir aux femmes qui ont des enfants mais celles qui n’en ont pas, ont le quart, après exécution du testament. Et si un homme ou une femme meurt sans héritier direct, qu’il ou elle laisse ses biens à son frère ou sa sœur, alors un sixième s’ils sont plus de deux tous participeront au tiers après exécution du testament ou paiement d’une dette, sans préjudice. Un musulman doit obéir à la loi de Dieu et au message du prophète. Car, il n’appartient pas à un croyant de remettre en cause ce qu’Allah a décidé ».

Yonmo  Fanga, chef traditionnel

« Le problème autour de l’héritage est la résultante de la désagrégation de la famille. A l’époque, toutes ces choses n’existaient pas bien que la mort nous frappait aussi. Par exemple, dans le Mayo-Kebbi-Est en général, quand un parent meurt, après les funérailles, on tient un conseil de famille. Et les jeunes écoutent les plus âgés. Si le défunt a laissé des enfants et des femmes, on planche dessus. Les biens matériels ne posent pas problème. De nos jours, ce que vous voyez à N’Djaména a affecté les campagnes. On ne parle plus de l’enterrement, on vise plutôt le compte bancaire du défunt  et autres biens. Les enfants, les femmes et les frères se battent pour les biens. La cause principale, c’est le modernisme qui détruit nos sociétés. Cela divise les familles, pas de solidarité. En Afrique comme au Tchad, nous vivons de manière communautaire. Lorsque la veuve et l’orphelin sont dépossédés des biens de leurs pères ou époux, où iront-ils ? Tout ce qui vient d’ailleurs n’est pas forcément bon pour nous. On doit promouvoir  nos valeurs ancestrales pour le bien-être de la société. On ne peut pas tout laisser tomber au nom du modernisme. Valorisons  et respectons nos traditions et là nous n’aurions pas assez de problèmes comme aujourd’hui ».

Kary  Amadou  & Remadji Clarisse

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