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Relance économique : Un défi permanent

Une indépendance politique sans celle économique est ne profite pas au peuple. Des pas sont posés et beaucoup d’initiatives ont meublé cette nouvelle ère, cependant il est judicieux de prendre le pouls de l’économie tchadienne afin de la dynamiser.

La démographie va croissante, les besoins sont pressants mais l’économie nationale titube. « Le taux de croissance du PIB réel était en moyenne autour de 4,0 % sur la période 2010-2018 avec une décroissance successive en 2016 et 2017 respectivement de -2,6 % et -2,3  %. Il est de 3 % en 2019 avant de baisser à -0,8 % en 2020 pour s’établir à 3,7% en 2021. La croissance économique était portée par le secteur primaire qui représentait en moyenne environ 48 % du PIB sur la période 2010-2018 avec une contribution à hauteur de +2,5 points de pourcentage. Le secteur secondaire qui représentait 12 % du PIB a contribué de +0,6 point de pourcentage du PIB sur la période 2010-2018. Le secteur tertiaire représentait 37,6 % du PIB, et contribuait à la croissance du PIB en moyenne à hauteur de + 0,6 point de pourcentage sur la période 2010 à 2018 » selon l’économiste Modobé Ngarbaroum du ministère de l’Economie, de la Planification du développement et de la Coopération internationale.

1960-2023, l’industrialisation du Tchad, un but non atteint

A l’accession du Tchad à l’indépendance, le père précurseur François Tombalbaye avait une vision, un plan de développement qui prenait en compte tous les secteurs et en priorité l’industrialisation du Tchad. Cependant, cela ne pouvait être immédiat surtout que les ressources humaines qualifiées faisaient défaut. Il fallait mettre un accent particulier sur l’éducation, car dit un adage, « Qui veut aller loin, ménage sa monture ». Ainsi donc, l’éducation et la formation dans les différents secteurs étaient une priorité. L’héritage colonial aidant cette vision, le régime de Tombalbaye disposait des champs de productions expérimentales à grandes et petites échelles. Il y avait des institutions et écoles spécialisées. On pouvait compter la Coton Tchad, la SONASUT, le Grand Moulin du Tchad, les Brasseries, l’ITRAD, le centre de formation de Bah-ili, avec ses moniteurs au développement, les casiers A et B de Bongor, etc. Les polders du lac avaient déjà une valeur particulière. Le Tchad produisait du blé, du riz, des pommes de terre, etc. L’urbanisation des villes avec leur plan cadastral, les recherches et les découvertes minières, les projets relatifs aux infrastructures de grande envergure et autres n’ont pas été perdus de vue.

Le coup d’état militaire de 1975, orchestré, par des militaires afin de libérer ceux des leurs emprisonnés, par François Tombalbaye, a tout chamboulé. Ces militaires auteurs du coup d’Etat n’avaient aucune vision, aucun programme politique. Ils avaient agi, ignorants les besoins réels du peuple nouvellement indépendant, libre et souverain. Pire, ils n’avaient pas suivi le programme de François Tombalbaye ». La grande guerre de 9 mois et ses corollaires de frein au développement et de déchirure du tissu social mettront complètement l’économie nationale à terre. Les entreprises avançaient mais encore très difficilement. Hissein Habré fera vivre des entreprises comme la SONAPA, l’Abattoir de Farcha et bien d’autres avec un impact très réduit sur le bien-être de la population et sur l’économie surtout qu’il n’y avait vraiment pas de stabilité sociale. Il fallait à son régime de faire face aux contestations de la politique habréiste, à l’invasion libyenne, à la rébellion tous azimuts. Les conditions sociales étaient difficiles, l’effort de guerre et le demi salaire par ci, la pression sociale et internationale par là. Tout ceci impactait sur l’économie nationale donc, sur la politique d’industrialisation du Tchad qui n’était pas invitée aux affaires comme une priorité. La question de l’industrialisation du Tchad est restée un but non atteint.

Les réformes opérées

Avec l’accession d’Idriss Deby au pouvoir en 1990, le secteur informel constituerait 40 % du PIB et concernerait la moitié des activités urbaines et les trois quarts des activités non agricoles des zones rurales, selon une enquête réalisée en 1996 par le Bureau international du travail (BIT). L’exploitation du pétrole tchadien en 2003 et la nouvelle vision du président Idriss Deby, minime soit-il, vont changer la donne. L’économie nationale a été relancée. Il y a eu des réformes engagées pour donner un nouveau souffle au secteur de l’économie beaucoup plus sur le plan normatif. Il y a entre autres, les règles de création d’entreprise au Tchad, la législation du Travail et la sécurité sociale, la réglementation des prix, la fiscalité des entreprises, l’accès à la propriété foncière, l’accès à la justice et les autres mécanismes de règlement des différends, le code des marchés publics, les textes régissant le fonctionnement des groupements et les coopératives, les règles encadrant le mouvement associatif, les conventions internationales dans lesquels le Tchad est signataire. L’on parlera ensuite, de la raffinerie de Djarmaya avec ses sous-produits, de la cimenterie de Baoré, etc. Un pas non négligeable. Pour l’économiste Modobé Ngarbaroum, « Le Tchad s’est engagé dans la libéralisation de son économie depuis la fin des années 1980. C’est ainsi que tous les documents de référence en matière de développement économique et social (Plan d’orientation, SNRP I & II, PND 2013-2015, Vision 2030, PND 2017-2021) ont relevé le rôle prépondérant à jouer par le secteur privé dans le développement vertueux et inclusif du pays. Cette option a conduit l’Etat à engager un certain nombre de réformes ayant pour objectif la promotion et le développement du secteur privé. Ces réformes ont principalement concerné le cadre réglementaire, la mise en place des institutions de promotion du secteur privé, la politique macroéconomique menée par l’Etat. La formalisation du secteur informel fait partie intégrante de toutes ces mesures ». Dans cette marche du Tchad, il faut saluer les remue-ménages du gouvernement de ces derniers temps qui s’efforce à industrialiser les secteurs et à nationaliser les entreprises.

L’industrialisation, une nécessité

Pour l’envol de l’économie et le bien-être de la population, il faut déjà commencer par la création des écoles de formation des ouvriers qualifiés, dans tous les domaines pour ne plus vivre le cauchemar de l’exploitation du pétrole de Komé, pendant laquelle, le Tchad était obligé d’importer des ressources humaines même les moins qualifiées.

Selon l’économiste, le PND 2017-2021 a inscrit le secteur privé comme vecteur du développement d’une économie diversifiée et compétitive (Axe 3). La stratégie nationale de développement du secteur privé 2018-2021 a pour vision de disposer « Un secteur privé qui valorise toutes les potentialités économiques du pays, animé par les hommes et les femmes de tous âges, accompagné efficacement par les pouvoirs publics, vecteur d’un développement inclusif de toutes les régions du pays, et qui fait la fierté de l’ensemble des populations tchadiennes».

Au lieu de commémorer une indépendance acquise au gré du colon, il est temps pour les tchadiens de conquérir une indépendance arrachée au prix des efforts personnels. Le Tchad en matière de richesse n’a rien à envier à un quelconque pays ou territoire. Il peut détenir en matière d’industrialisation plus de 100 chaines de valeur en matière de production. Pour en faire un territoire paradisiaque, il suffit d’une bonne dose de manœuvre politique, dans une gestion teintée de souveraineté, de droit, de justice et d’équité, de l’autorité de l’Etat et de l’autorité de la chose jugée, de la défense et de la protection de la chose publique dans une vision commune et véritablement engagée. Les Tchadiens vivent sur un territoire béni, une terre de l’eau, de lait, du miel, du vent et de soleil. Que peuvent-ils demander de plus pour vivre heureux ? Et pourtant la relance de l’économie reste un vrai défi pour le Tchad.

Remadji Ngaradoumbeye Adèle

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