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Secteur agro-pastoral : Un pas en avant, deux pas en arrière

Le Tchad, pays à vocation agro-pastorale patine ces dernières années. En 2022, les attentes ont été douchées par les aléas climatiques. Il faut un réveil technologique et un réel engagement politique pour booster ce secteur.

 

La campagne agricole de l’année écoulée affiche un bilan des plus alarmistes. Si les cultures de contre-saison sont positionnées comme première alternative, les cultures traditionnelles de rente sont délaissées au profit d’autres plus rentables. Le climat conflictuel entre éleveurs et agriculteurs dans la majeure partie du pays n’est pas sans conséquences. Ainsi, l’agriculteur lui-même ne mange pas à sa faim eu égard aux multiples épreuves. A peine les récoltes passées pour ceux qui ont pu le faire puisque beaucoup de champs sont dévastés par les animaux. Au cours de l’évaluation de la campagne agricole de l’année 2022 en novembre dernier à Moundou, les plaintes portent sur le manque de moyens financiers, matériels et l’insuffisance des ressources humaines, des intrants et le faible aménagement des terrains de cultures. La mécanisation de l’agriculture et son industrialisation constituent un casse-tête pour les pauvres paysans. Difficile pour eux de louer les tracteurs qui sont peu nombreux dans les localités. L’entretien et le dépannage de ces machines requièrent des mains expertes souvent indisponibles.

En termes de têtes de bétails sur pied, le Tchad occupe la première place que ce soit pour les bœufs, les dromadaires, les moutons et brebis. Ce qui favorisera l’utilisation de la traction animale dans les cultures. Alors que la maitrise des maladies par les services vétérinaires et la disponibilité des abreuvoirs contribuent à l’accroissement du cheptel. Les maladies sont maîtrisées, les disponibilités d’abreuvoirs, l’élevage contemplatif est un frein à l’essor de l’élevage. A côté de ce décor, la transformation des sous-produits, plus rentable, n’a pas réussi jusque-là. Ainsi, certains produits importés sont vendus cher sur les marchés alors qu’ils proviennent du Tchad. Au nombre des choses anormales, il y a celles-ci parmi tant d’autres : le Tchad, pays d’élevage, continue d’importer du lait du Nigeria, de la France…les Tchadiens raffolent le riz du Bangladesh, Cambodge et autres. Pour quelles raisons, on ne sait, toutes les peaux d’animaux collectées dans les abattoirs, sont envoyées dans les pays voisins.

Une approche participative

Les ressources humaines et naturelles existent. Il ne reste qu’à les mettre en ordre de bataille de manière à produire des résultats efficients. Reste à repartir les ressources en fonction des besoins, renforcer les recherches et mettre plus de transparence dans la gestion des ressources financières dédiées aux projets et ministère de tutelle. Dans son analyse de la situation, l’agronome Badoum Allatensem Isidore indique que le suivi et la vision sont les maîtres mots : « Notre problème est que nous n’avons pas réellement une vision de l’agriculture moderne, nous n’avons pas une vision de l’entrepreneuriat agricole. En parlant de l’entrepreneuriat agricole qui serait même le point de départ, entretemps nos parents utilisaient les moyens rudimentaires mais on ne criait pas de faim. Or maintenant depuis que le gouvernement a pris l’engagement de faire évoluer le monde rural, on constate que les choses n’avancent toujours pas, alors je crois qu’il y a un sérieux problème d’investissement. C’est vrai qu’il faut investir mais il faut d’abord circonscrire le problème avant d’investir. En tant que technicien, j’ai remarqué qu’on ne considère pas réellement nos problèmes, nos réels problèmes ne sont pas touchés. C’est le cas de la mécanisation de l’agriculture. Dans l’agriculture, il faut vraiment prioriser les activités. Quand on veut investir, il faut qu’il y ait des priorités, toujours commencer par la base. Ils produisent mais pas d’une manière professionnelle, donc on doit se concerter avec les producteurs avant de mener un projet. C’est vrai que l’Etat est là, mais les investissements de l’Etat ne sont pas réellement suivis, l’Etat peut injecter de l’argent quelque part mais ceux qui sont chargés d’exécuter ces investissements ne font pas le suivi ».

Florent Baïpou

 

 

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