Les « chasseurs » de déchets métalliques, pour la plupart des étrangers, parcourent à longueur de journée les rues et ruelles de la capitale en quête des fers usagers. Cette activité prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps. Quoique bénéfique dans la lutte contre la pollution de l’environnement, celle-ci a des conséquences sur l’éducation de certains enfants.
Les vendeurs ambulants de déchets métalliques communément appelé en arabe local « Abba kilo » se déversent du matin au soir dans toutes les communes de la capitale N’Djaména pour la collecte des fers. Muni d’un porte-tout et un sifflet ou « vuvuzela » à la bouche, ils émettent un cri connu par les petits enfants qui, en entendant ce cri, accourent vers eux pour échanger tout fer qu’ils trouvent à leur portée avec des pièces d’argent voire des jouets. Ces chasseurs de déchets ramassent tout à leur passage n’épargnant ni tôles, seaux en métalliques, fers forgé, brouettes voire des caisses de véhicules ou des cadres de motos pour des modiques sommes. 1 kilogramme de fer est acheté par les « Abba kilo » entre 25 Fcfa à 50 Fcfa. Ces fers sont triés par ceux-ci et vendus aux grossistes qui les expédient hors du pays pour leur recyclage. Dans cette transaction, chacun trouve son compte. D’après certains enfants, ils vendent ces fers pour s’acheter les articles dont ils ont besoin pour jouer avec leurs amis et que leurs parents ne sont pas disposés à leur procurer. Ils citent entre autres, les maillots de football et jouets.
Selon un grossiste des fers rencontré au quartier N’Djari dans la commune du 8ème arrondissement qui paye les déchets métalliques pour les revendre à son tour, bon nombre de ses clients, sont des enfants. Ceux-ci lui apportent les différents objets métalliques. Cependant, renchérit-il, il y a également un groupe constitué des conducteurs de porte-tout communément appelés pousse-pousseurs déployés sur le terrain en ce qui concerne les fers de grosses masses destinés à l’exportation. « Généralement l’on stocke tous ces déchets de fers et l’on les exporte vers le Nigeria ou le Niger pour leur recyclage», affirme-t-il sous l’anonymat.
Cette activité influe sur le comportement de ces enfants. Ils sillonnent les rues et ruelles sous la canicule et fouinent les dépotoirs et chantiers de construction de la ville en quête de ces fers parfois sans se soucier des tessons de bouteilles, morceaux de fers et aiguilles qui peuvent les blesser. Voulant par tous les moyens avoir l’argent en poche certains s’adonnent au vol. Ils ramassent même les fers des parents à leur insu pour les vendre à ces « abba kilo ». Là où le bât blesse, ce phénomène entraine la déperdition scolaire de certains enfants qui font de cette activité leur gagne-pain.
Mahamat Faki Hissein Moumine (Stagiaire)