Au Tchad, le recours à l’automédication pour soigner le paludisme est un phénomène qui ne régresse pas. Les femmes enceintes également en pratiquent avec tous les risques. Fatimé Moussa Ouaddai, sage-femme diplômée d’Etat apporte des explications sur les méfaits de l’automédication et les risques que courent les femmes enceintes.
Amina Idriss, la trentaine révolue, est mère de deux enfants. Pour son premier enfant, elle se rendait régulièrement à l’hôpital pendant la grossesse. Mais pour le second, ce n’est pas le cas. «Cette fois-ci, mon mari ne gagne pas assez d’argent et en plus nous sommes en location et pour manger c’est un grand souci. Je suis enceinte de quatre(4) mois. Cependant, je n’ai pas les moyens pour aller à l’hôpital donc je me soigne chez les docteurs tchoukou », explique-t-elle.
Selon Fatimé Moussa Ouaddai une enquête menée récemment par la Direction d’information du système sanitaire (DSIS) relève que sur 100 000 naissances vivantes 860 femmes meurent pendant l’accouchement ou pendant la période de 42 jours qui suit l’accouchement. Chez les nouveau-nés, pour 10 000 naissances vivantes, 34 décèdent chaque année. Cela est dû aux causes directes et indirectes. « Dans les causes directes nous avons les hémorragies, le travail prolongé, les infections, l’hypertension artérielle avec convulsions, l’avortement. Parmi les causes indirectes, il y a le paludisme, l’anémie, la malnutrition ainsi que le VIH/SIDA », a-t-elle cité.
La sage-femme informe que les risques que courent les femmes enceintes qui pratiquent l’automédication sont énormes. D’après elle, la prise d’un médicament sans avis médical expose aux risques d’interaction médicamenteux avec un autre traitement en cours en augmentant la toxicité. Pour les femmes enceintes, elle cite entre autres, le retard de diagnostic, les erreurs de posologie et le non-respect de la date de péremption, les allergies. Pour réduire le fardeau lié au paludisme chez la femme enceinte, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander un paquet d’intervention tripartite composé de la distribution et l’utilisation de moustiquaire imprégnée, l’utilisation de la sulphadoxyne plus particulièrement c’est le Fansidar pour le traitement préventif.
Elle conseille aux femmes de ne plus utiliser les médicaments de la rue et ne pas acheter les médicaments en dehors d’une prescription médicale. Car, ces médicaments ont de conséquences graves sur la santé de la mère ainsi que sur l’enfant. Elle exhorte les femmes enceintes de se protéger du début de la grossesse jusqu’à l’accouchement. Il faut qu’elles utilisent les moustiquaires imprégnées et respectent les mesures d’hygiène de temps en temps, pulvériser les chambres pour empêcher les moustiques de se développer. Enfin, elles doivent suivre régulièrement la consultation prénatale pour éviter le danger.
Manda Lhamdagoulou et Mahamat Faki Hissein Moumine (stagiaires)